VIOLLETTE BLUM

 
 
Création le 22 juin 2023

Maurice Viollette, gouverneur général puis parlementaire, mène une réflexion réformiste. L’arrivée du Front populaire lui laisse espérer la mise en place de son projet, sans lequel il prophétise la fin de l’Algérie française. Parallèlement, la représentation politique, l’assimilation ou le nationalisme suscitent autant de débats dans les milieux politiques musulmans. La « gauche française » estime qu’une certaine tutelle des peuples civilisés sur les peuples non civilisés est une nécessité. Dans les faits, le budget est étroit, l’ambition modeste, l’immobilisme fort. Aucune représentation nationale n’est prévue.

Dans un contexte de croissance rapide de la population musulmane, Viollette pose rapidement les enjeux : Paris veut-il faire des indigènes Français ou des révoltés ? Il s’appuie sur une élite lettrée et diplômée qui milite pour l’égalité des droits dans le cadre de la souveraineté française. Toutefois, les revendications des jeunes Algériens s’accompagnent du maintien du statut coranique, garantie de la polygamie, du droit de marier les enfants, de la répudiation de l’épouse, du privilège du mâle dans la succession.

Léon Blum
 

Les politiques « indigènes » saluent l’arrivée du Front populaire avec espoir : « Quand la liberté française s’endormait, nous nous sommes tus. La liberté française a repris son élan, nous voulons la suivre » clame Abdelhamid Ben Badis, chef de file des Oulémas, les docteurs de la loi réformistes et nationalistes. Dans un esprit de conciliation, Messali Hadj, pionnier de l’indépendance, et le parti communiste algérien, sont tenus en marge.



Présenté au Parlement dans les derniers jours de 1936, le projet Viollette provoque un tollé : la crainte de la submersion emporte la réforme que Blum refuse d’imposer par décret. Il y a chantage à la grève… Le rejet du projet Viollette profite surtout à Messali Hadj, qui a beau jeu de clamer : « on ne vend pas son pays, on n’assimile pas son pays », et qui fonde le Parti du Peuple Algérien. Les gouvernements français successifs ne remettent plus en cause les féodalités locales. Ils préfèrent brandir les menaces franquistes et mussoliniennes pour justifier le néant de leur politique coloniale … puis déclarer la guerre à l’Allemagne !