ALGER 1930

 


Création le 12 juin 2023

La Nouvelle Revue d’Histoire a publié en 2014 un article sur le centenaire de l’Algérie française. sous la plume de Jean Kappel.

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Dès décembre 1923, une commission a été chargée d’établir le programme de la célébration, en 1930, du centenaire de la prise d’Alger. Le gouverneur Viollette annonce qu’il s’agit d’évoquer « la libération des États barbaresques de la domination turque ». L’opinion musulmane commence alors de s’éveiller timidement. En 1928, une loi est votée pour susciter en métropole un intérêt suffisant en faveur de la France africaine. Les moyens alloués sont consacrés à l’organisation des festivités et à un effort de propagande à la hauteur de l’enjeu idéologique et politique : Le cinéma, la radio, l’édition et la presse sont mobilisés.


 

Le président Doumergue reçoit un accueil triomphal en Algérie, du 4 au 12 mai. De nombreux congrès se tiennent en Algérie, qui reçoit la visite de 80 000 métropolitains. On exalte les vertus du colon qui a su maîtriser une terre hostile, et qui a transformé la malsaine Mitidja en jardin, sans oublier l’épopée de la conquête, évoquée à travers des défilés de soldats vêtus des uniformes de l’époque de Bugeaud. Les spectaculaires fantasias d’intrépides cavaliers indigènes ajoutent la touche d’exotisme nécessaire pour séduire le public.

 

Ferhat Abbas

Tirailleurs et Spahis sont spécialement fêtés sur les Champs Élysées lors du défilé du 14 juillet. Le président Doumergue inaugure à Sidi Ferruch le monument rappelant le débarquement de 1830. L’événement est même perçu par une partie de l’élite musulmane éduquée comme une opportunité pour réclamer une vraie politique d’assimilation. Ferhat Abbas affirme n’avoir qu’un seul idéal, « l’incorporation de l’Algérie dans la famille française ».

Opération de propagande brillamment réussie par le parti colonial, la célébration du centenaire de l’Algérie française masque en fait l’immobilisme qui prévaut dans la gestion du dossier algérien. Et l’on ne peut s’empêcher d’imaginer que la mise en œuvre d’un réformisme pragmatique et prudent aurait peut-être permis de faire l’économie des drames ultérieurs.