LE MARÉCHAL DE MAC MAHON

 


Création le 16 août 2022

L’excellente Revue du Souvenir Napoléonien a publié dans son numéro 59 du troisième trimestre 2022 un article sur le Maréchal de Mac Mahon, gouverneur de l’Algérie de 1864 à 1870. par l’historien Philippe Sadot.

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Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, 1er duc de Magenta, maréchal de France, né le 13 juin 1808 au château de Sully (Saône-et-Loire) et mort le 17 octobre 1893 à Montcresson (Loiret), est un militaire et homme d’État français, président de la République de 1873 à 1879.


La famille Mac Mahon est d'origine irlandaise, réfugiée en France avec Jacques II Stuart lors de la Glorieuse Révolution de 1689, et se réclamant de la descendance des anciens rois d'Irlande.

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Lorsque le 19 septembre 1864, le Maréchal Patrice de Mac Mahon débarque à Alger en tant que nouveau Gouverneur général de l’Algérie, il n’est pas en terre inconnue : c’est la cinquième fois qu’il débarque en Algérie. Sa nomination par Napoléon III répond à une vision du souverain français sur le devenir de l’Algérie.


Grâce des insurgés flittas

Dans sa première proclamation, il veut montrer la même impartialité et la même protection à tous. La population algérienne est alors inférieure à 3 millions d'habitants, dont près de 200 000 Européens, y compris 76 000 militaires. Les « Indigènes » sont régis par le sénatus consulte du 22 avril 1863 : les colons ne sont plus favorisés. Pour la vente des grosses propriétés, l’approbation de l’Empereur est nécessaire ; les douars (villages) sont dotés d’un statut administratif  destiné à devenir l’équivalent des communes européennes. Il convient aussi de mater l’insurrection dans le sud algérien qui font leur soumission au général Yusuf. Le 7 avril 1865, le calme revient en Algérie.

Pendant son voyage à Paris, Mac Mahon a plusieurs entretiens houleux avec l’Empereur, qui est fidèle à son idée de « Royaume Arabe » et de la mise en valeur de terres attribuées à de hauts responsables indigènes. En raison de ce désaccord, l’Empereur annonce au gouverneur un second voyage en Algérie dans l’année.

Du 3 mai au 7 juin 1965, Napoléon III est bien reçu : on lui décerne le surnom de « Napoléon III l’Algérien ». Les Européens d’Algérie tâchent de faire bonne figure devant le souverain, mais demandent que l’Algérie soit annexée à la France. Napoléon III élude la question. En revanche il est l’objet de manifestations de sympathie passionnées de la part des musulmans  qui se déplacent en masse pour acclamer le « sultan de la France ».

Lorsque Mac Mahon lui fait des remarques qu’il n’approuve pas, l’Empereur se contente de garder le silence. De retour aux Tuileries, il envoie à Mac Mahon une lettre programme dans laquelle, et de façon détaillée, il tente de réconcilier Arabes et Européens. Cette lettre est confidentielle, mais se propage à Alger ... et entraîne une inquiétude chez les Européens, alimentée par des rumeurs affirmant qu’un navire d’Orient aurait débarqué Abd-el-Kader, afin d’établir un sultanat en Algérie …

 

Bureau Arabe

 Mac Mahon voit le danger et obtient de l’Empereur le vote d’un sénatus-consulte permettant aux autochtones d’Algérie, musulmans et juifs, d’être considérés à l’égal des colons européens et d’avoir pareillement accès aux emplois publics et militaires. Il est désormais permis aux « indigènes » d’obtenir la nationalité française, à condition de renoncer à leur statut religieux (notamment la polygamie et la justice tribale).

De grands travaux sont entrepris en Algérie et stimulent son économie qui en a besoin, car Mac Mahon écrit : »Depuis 1865, tous les fléaux s’étaient abattus sur l’Algérie. On y avait vu se succéder : la guerre, le choléra, les sauterelles, les tremblements de terre, la sécheresse et un hiver rigoureux. » Cela a provoqué la mort de près du quart de la population indigène, malgré  les efforts des autorités pour créer des centres de secours.

Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse, et le maréchal de Mac Mahon reçoit l’ordre de rejoindre Strasbourg … Avant de quitter l’Algérie, le chef de la Medianah El Mokrani lui propose ses services avec 1 500 cavaliers pour se battre avec lui en Europe.

Mais le 2 septembre 1870, ce sera Sedan, puis l’année suivante la révolte de Kabylie.