LE TEMPS DES LÉOPARDS 4

 


 Création le 30 décembre 2021

La présente recension est la fin du livre « Le Temps des Léopards » d’Yves Courrière.

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À dix heures du matin, le marché Randon grouille de femmes voilées, qui se pressent entre les cageots débordant de légumes et les étals dégoulinants de sang des bouchers et volaillers, piétinant dans une boue noire de fruits, de légumes, de déchets écrasés. 

Pendant ce temps, Yacef Saadi et Ben M’Hidi discutent de l’opportunité d’une grève de huit jours à Alger, et de l’intensification du terrorisme, afin de mêler la participation populaire à la révolution. Pas plus, car les habitants de la Casbah n’ont pas les économies nécessaires pour faire des provisions pour une période plus longue. Ils ne pensent pas que les parachutistes français interviendront, occupés qu’ils sont dans les djébels.

Général Massu
 

L’annonce d’une grève générale déclenche la panique à la Préfecture d’Alger, qui décide de confier la capitale à l’armée. Le choix de Lacoste se porte sur le général Massu, qui proteste mais doit obéir. C’est un grand baroudeur et anti ultras. Son adjoint aux renseignements, « O » se procure un fichier de suspects qui n’a pas été exploité par la police.

La première bombe explose dans le hall de la Radio, avec des dégâts matériels importants. De leur côté, les paras préparent dans la nuit 250 arrestations, la plupart dans la Casbah. Ils en ont fait 1 500 à l’aube.

L’attentat manqué contre le général Salan crée une confusion totale. Par ailleurs des jeunes femmes du FLN organisent des attentats spectaculaires qui déclenchent la fureur.

Une ruelle de la Casbah
 

Par ailleurs la grève gagne la Casbah. Les paras obligent la réouverture des boutiques. Au bout de 48 heures, la grève est matée ; puis la torture devient systématique et les renseignements extorqués affluent. Le FLN organise deux attentats aux stades d’El Biar et de Belcourt, qui provoquent une panique monstre. Mais Bigeard remporte une grande victoire en faisant récupérer des dizaines de bombes, de détonateurs. Cette victoire a un prix en assassinats : 4 000 pendant cette bataille d’Alger.

L’étau se resserre autour des chefs du FLN. Krim, qui se fait passer pour un commerçant d’origine italienne, manque de se faire arrêter par un jeune appelé très poli … 

C’en est fini de l’invunérabilité de la casbah : l’exploitation ultra-rapide du moindre renseignement donne aux paras des résultats inespérés. Les paras sont partout ; les chefs du FLN, encore en liberté, fuient Alger.

Bigeard a une longue conversation avec son prisonnier Ben M’Hidi : ils ont les mêmes notions de la guerre révolutionnaire et redoutent tous deux les méfaits de la « politicaïlle ». Ben M’Hidi sera fusillé le lendemain à l’aube. Yacef Saadi reste le seul chef FLN à Alger, et il entreprend de regrouper les hommes les plus sûrs. La Bataille d’Alger, que beaucoup croyaient terminée, va se jouer en deux actes.

Bigeard demande à retourner dans le bled. La confusion du monde administratif et politique est totale. Et curieuse est l’aventure de Djemila Bouhired : Yacef Saadi, déguisé en femme, et accompagné de Djemila est interpellé par une patrouille ; il tire sur Djemila et s’enfuit. Elle n’est que blessée, soignée et tirée d’affaire.

Le Milk bar
 

Nouveaux dépôts de bombes dans des lampadaires. L’opinion publique se soulève devant l’horreur des attentats. Les Léopards reviennent pour la deuxième partie de la bataille d’Alger. Nouvel attentat affreux au Casino de la Corniche provoquant huit morts et des dizaines de blessés. L’exaspération est à son comble. Bigeard, qui commence à en avoir « marre » des politiciens explique clairement la situation à ses hommes : la Bataille recommence. On interroge chez l’habitant. Très vite, les réseaux reconstitués par Yacef Saadi tombent.

Maurice Audin, assistant à la Faculté des Sciences d’Alger, est arrêté. torturé, éliminé. Germaine Tillon débarque à Alger, et est contactée par Yacef Saadi, qui lui fait part de son émotion devant l’évolution de la situation. Rentrée à Paris, Germaine Tillon rencontre le chef de Cabinet du Président du Conseil. Sans résultat concret. Le Président René Coty se révèle incompétent. Elle rencontre le Général de Gaulle, qui ne veut pas faire de déclaration publique …

Arrestation de Yacef Saadi
 

Germaine Tillon repart pour l’Algérie et rencontre à nouveau Yacef Saadi, et comprend que les politiciens français sont dans une impasse. Bigeard essaie de « retourner » les membres du FLN. C’est l’opération dite « des bleus de chauffe ». Les paras finissent par connaître la cache de Yacef Saadi : 3 rue Coton. Après quelques rafales, Saadi est capturé vivant, terrassé par la grippe et la fatigue. Ali la Pointe est repéré. L’explosion de ses bombes détruit le quartier :

Résultat de l'explosion d'Ali la Pointe

Ce 8 octobre 1957 marque la fin du terrorisme ; la bataille d’Alger est terminée. Plus rien n’empêche le Ministre-résident Robert Lacoste d’entreprendre l’application du plus grand, du plus prestigieux, du plus généreux plan de réformes qu’ait jamais prévu la France pour l’Algérie.