LE TEMPS DES LÉOPARDS 2

 

 Création le mardi 14 septembre 2021

Germaine Tillon, désespérée, retourne à la création de Centres sociaux. Quant à Ferhat Abbas, il invente le thème de « l’Algérie algérienne ». C’est le début de l’embrasement.

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René Mayer accuse Fehrat Abbas d’appeler la population musulmane  à la dissidence  ! Celui-ci réplique par un télégramme « très secret » qui explique que : « Le terrorisme n’existe que parce que les potentats algérien ne connaissent d’autres lois que celle de leurs intérêts égoïstes  et de leur appétit. La dignité de notre peuple bafoué, et la loi française violée, ne pouvaient nous conduire qu’aux événements actuels. Vous avez été un de ceux qui ont couvert cette politique comme député, Garde des Sceaux et Président du Conseil. Votre responsabilité est autrement engagée que la nôtre. »

Abbas veut maintenant prendre contact avec Krim Belkacem. Il reçoit ses émissaires. Il adhère au FLN, et lui envoie quatre valises de médicaments et 500 000 francs. Abbas propose une dernière intervention à Paris : un statut d’État associé, avec souveraineté nationale, un projet étalé sur vingt ans. Mais à Paris, personne n’est favorable aux nég ociations. François Mitterand : « La seule négociation, c’est la guerre … ».

Le FLN prend contact avec les messalistes de France, qui va devenir le véritable « coffre-fort » de la rébellion.

 En juin 1955, Soustelle se débarrasse du général Cherrière, une « grande gueule » en raison de son incapacité à finaliser ses opérations. À Alger, on se monte la tête dans les conversations. Le nouveau général Lorriot. Des renforts très importants de troupes débarquent sans cesse. 

 


De son côté, Krim Belkacem nomme Amirouche chef de la Kabylie.  Celui-ci est à la fois très efficace et impitoyable. Et Jacques Soustelle veut poursuivre son projet d’intégration, mais il ne se fait appuyer que par peu de Musulmans qui y sont favorables.

D’assassinats à assassinats, de part et d’autre, le FLN décide de faire d’Alger le centre de son combat. Abane, un chef du FLN, en prend la responsabilité. Dès la fin de 1955, se constituent les commandos qui, pendant plus de six mois, vont livrer en plein cœur de la ville une bataille terrible aux parachutistes, auxquels une autorité civile dépassée aura donné tous pouvoirs.

 

En octobre 1955, le FLN recrute « Ali la Pointe » un jeune homme « très dangereux ». Prisonnier de droit commun, il est recruté par le FLN. Ali la Pointe s’évade et n’a qu’une idée : rejoindre le FLN. Yacef Saadi le contacte et lui demande pour preuve de sa bonne volonté de tuer un agent de police. On lui donne un pistolet dont Ali, en tirant, s’aperçoit qu’il n’est pas chargé. Il est furieux, mais on lui dit que c’est un test, car on pouvait le prendre pour un traître.

Quelques attentats mettent la population en transes. Achiary, déjà bien connu pour son action à Guelma, propose une organisation contre-terrorisme inter-musulmane. Yacef Saadi décide de le faire disparaître. Sans succès.

Il est décidé de faire un contre-maquis  : c’est l’opération « Oiseau bleu » en Kabylie. Krim Belkaccem, prévenu immédiatement, joue très bien le jeu, et fait armer 1 500 hommes d’armes neuves et de munitions en Kabylie ! En « retour» Krim fait massacrer quelques militant du MNA. Totalement inconscient, le Gouvernement général veut étendre l’affaire à toute l’Algérie !

Le général Olié a des doutes sur cette mirifique "force K". Il choisit le capitaine Hentic, un « dingue des coups tordus » pour faire une enquête. Hentic devient vite certain que l’Armée française est entièrement hors du coup …

Heureusement, 1956 voit l’arrivée d’unités de paras, dont un régiment commandé par Bigeard, le 3ème RCP. Les "Léopards" flairent l’Algérie, jaugent les « fells », mais en aucun cas ne les méprisent ; ils emploient les mêmes armes, en cavalant, en bouffant de la piste et de la poussière. (À titre indicatif, le général Bigeard demeure à ce jour le général français le plus décoré de l'armée française au XXe siècle, avec 27 citations.)

Hentic  veut aussi l’intervention du 11ème choc, qui dépend directement du Ministre de l’Intérieur. Si vraiment c’est un coup fourré, la bagarre va être terrible. Les paras ont un moral d’exception, pour une action d'exception : éliminer 1 500 hommes équipés comme les meilleurs éléments de l’armée française ! l’armée est très jalouse de ces baroudeur en tenue « léopard ».

Finalement le pot aux roses est découvert, le commando K rejoint le FLN officiel,  Bien entendu aucune sanction n’est prise contre les responsables de l’armée française. À  la fin de l’année 1955, Soustelle, partisan de l’intégration se sent lâché de toutes parts.

De mois en mois, l’affaire algérienne devient la préoccupation principale de la France. Albert Camus devient le héros d'associations qui recherchent une solution politique et sociale. Camus répond qu’il lui faudrait trois vies pour agir efficacement,  afin de faire une trêve civile qu’il se propose de publier ! Mais il prépare une grande réunion à Alger.


                                                           Albert Camus


La suite dans un prochain article