LE LIVRE DES HALTES 1

 

 Création le mardi 25 juin 2021

Modification 1 le 1 avril 2022

Max Giraud, diplômé de l'INALCO et de la Sorbonne, dans les domaines de la langue arabe et de la civilisation islamique, a fait en 2011 la traduction intégrale annotée du Livre des Haltes de l'Émîr 'Abd al-Qâdir al-Jazâ'irî, aux Éditions Albouraq au Liban.

D’après « Babelio », les 7 tomes du Livre des Haltes peuvent être considéré comme le testament intellectuel de l’Émir Abd el-Kader, qui rassemble les différentes leçons adressées à l’origine au public restreint de ses disciples. Maître spirituel majeur du soufisme contemporain, l’Émir y commente le Coran, les paroles du Prophète, ainsi que l’oeuvre du plus grand des maîtres, Ibn Arabî, qu’il a contribué à faire redécouvrir.

Ibn Arabî (né en 1665 à Murcie (commune du sud de l’Espagne), et mort en 1240 à Damas - est un ouléma, théologien, juriste, poète, soufi, métaphysicien et philosophe andalou. Il est l’auteur de 846 ouvrages présumés. Son œuvre domine la spiritualité islamique depuis le XIIIème siècle. Dans l’ésotérisme islamique, il est considéré comme le « Sceau de la Sainteté ».

À travers ses courts textes, le Livre des Haltes rend accessible à un auditoire moderne les sommets de la spiritualité soufie. La présente édition se distingue par la richesse de ses commentaires qui permettent une meilleure compréhension, et jettent des ponts entre les sagesses d’Orient et d’Occident. Ce travail s'inscrit dans un " courant " qui se développe seulement depuis quelques décennies en Europe, et qui se manifeste par un intérêt véritable pour les écrits initiatiques, ainsi que pour la doctrine métaphysique de l’Émir.

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Le premier tome commence par une série de 20 poèmes.
Chez les anciens Arabes, avant l’Islam, la poésie jouait un rôle majeur. Le Prophète a dit : « En vérité, il y a une sagesse dans certaines poésies ».

HALTE 1 : Le modèle excellent 

Pour recevoir les paroles du Coran, l’Émir est transporté dans une extase où il reçoit les versets, et revient ensuite à lui-même. Ces versets, malgré le nombre limité de lettres, ont un sens prophétique que chacun peut découvrir de manière différente. Et il y a, dans l’Envoyé d’Allah, un modèle excellent. en l’invoquant ainsi : « Mon Dieu, pardonne à ceux de mon peuple, car ils ne savent pas ! », car il n’y a pas plus patient que Dieu face à l’insulte.

HALTE 2 : Qui agit véritablement ?
Ce que Dieu communique à ses serviteurs est adapté à leur connaissance commune. L’homme n’a pas de réalité autonome, ni éternelle, ni éphémère. Parfois les actes sont attribués à Allâh, avec l’homme comme moyen. Parfois ils ne sont attribués qu’à l’homme seul, mais celui-ci, lorsqu’il commence une part d’acte, se doit de demander de l’aide pour l’autre part qu’il ne peut accomplir.

HALTE 3 : La Loi, base de toute réalisation spirituelle

Le bien attire un bien plus grand encore, comme la pluie qui commence par une goutte d’eau et tombe ensuite à verse. Lorsque le serviteur réalise ce que Dieu lui commande, Dieu lui donne la certitude, qui est la disparition du voile empêchant de voir la réalité cachée des choses. Le serviteur a alors encore plus de respect et de zèle pour les obligations légales

HALTE 4 : Le Culte pur

Si quelqu’un adore Dieu pour obtenir un avantage quelconque, il ne sera agréé que par pure faveur. Il faut adorer Dieu pour Lui-même, et c’est Lui qui donne gracieusement les récompenses. Celui qui n’a pas suivi la voie des initiés ne peut réaliser le Culte pur.

HALTE 5 : Les deux aspects de la Volonté et de l’Ordre divins

Dieu a une Volonté unique possédant deux aspects. Selon le premier, la Volonté est absolue : pour une chose non existante, Il ordonne qu’elle soit, et elle existe … Par ailleurs, Dieu a une Volonté liée à un intermédiaire : il ordonne à une créature de faire quelque chose, mais il n’ordonne pas à la chose d’être créée.

 HALTE 6 : Je et Lui

Quand Dieu dit « Je », le serviteur par son ignorance dit « je ». Le serviteur dit « Lui », car il voit son Seigneur de loin, et le Seigneur dit « Lui », car cela correspond à ce que voit le serviteur.

HALTE 7 : Extinction dans l’Unité

Dieu me ravit à moi-même et me rapprocha de Moi-même ; alors le Ciel disparut à cause de la disparition de la Terre.

HALTE 8 : La connaissance primordiale et les credo particuliers

Dieu a dit « Je n’ai créé les hommes que pour qu’ils M’adorent ». La disparité des connaissances des êtres vient de la disparité de leur intelligence. Mis à part les Connaissants initiés, tous ceux qui adorent Dieu le font de manière conditionnée et avec un préjugé, car ils ne Le connaissent que  de manière limitée. Le Prophète a dit « Que tu L’adore, comme si tu Le voyais ».

HALTE 9 : Les théophanies de la Halte du Jugement dernier

Dieu ne peut être connu que par le fait qu’Il unit les contraires. Ne s’approcheront de Lui que ceux qui Le connaissent. Tous les autres demanderont protection contre Lui. Il ne sera reconnu que dans un deuxième temps.

HALTE 10 : Le « subtil » et les contraires

Dieu a extrait le feu chaud et sec du bois vert froid et humide. Il fait sans cesse ce qu’Il veut : Il extrait le bien de ce qui, en apparence, est un mal, et extrait le mal de ce qui, en apparence, est un bien.

HALTE 11 : En quel sens Allâh s’impose-t-Il quelque chose ?

Le Prophète a déclaré : « C’est un devoir d’Allâh de ne pas élever une chose en ce bas monde sans l’avoir abaissée ». Ces choses sont déterminées par Sa Fonction de Divinité. sans être déterminées par un facteur externe. Il choisit chaque fois ce qu’il fait, sans qu’Il puisse être blâmé en quoi que ce soit.

HALTE 12 : Le dhikr perpétuel

La vigilance intérieure doit rester constante  et ne doit pas s’appliquer uniquement aux hommes qui vont faire leur prière dans les mosquées les matins et les soirs. La disponibilité des hommes doit être permanente, alors qu’il est évident qu’ils ont des obligations dont ils doivent s’occuper par ailleurs.

HALTE 13 : L’extinction dans l’Envoyé d’Allâh

Dès son plus jeune âge, Abd el-Kader était passionné par la découverte des livres des initiés. La recherche de la perfection rapproche les personnes. Ainsi, un jour de Ramadan, il vit la personne du Prophète qui fusionna avec la sienne, ce qui l’affola mais le rendit plein d’allégresse. À plusieurs reprises, il lui a été ordonné de parler de la grâce du Seigneur.

HALTE 14 : Les limites de la raison

La guidante sur la Voie droite est un terme générique comportant une multiplicité de sens particuliers, même en dehors du cadre de la prière. On trouve de la perplexité parmi les meilleurs théologiens, mais ils se conforment tous à l’injonction divine :  « Pratiquez correctement la religion et ne vous divisez pas à ce sujet ».

HALTE 15 : Le « néant » de la créature

L’être voilé est dans un état où il est persuadé avoir une réalité indépendante distincte de la Réalité véritable. Il estime aussi que les actes qu’il produit lui appartiennent et qu’il en est l’agent. Les actes que l’être voilé prend pour les siens ne sont que les actes de Dieu.

HALTE 16 : Les causes et La Cause des causes

Les profits venant du Ciel visent toutes les sciences, secrets et autres choses dont les intelligences peuvent tirer profit. Les ignorants voilés entendent la Parole de Dieu, mais ne l’écoutent pas, c’est à dire ne la comprennent pas. Dieu est la Cause des causes et agit par les causes, auprès d’elles, et en même temps qu’elles, et quand elles sont absentes.

HALTE 17 : La couleur de l’eau est la couleur de son récipient

Le connaissant tient lieu de récipient et Dieu est l’eau qui le remplit. Il n’a pas de forme, et ne se manifeste que par la forme de qui Le connait.

HALTE 18 : La voie progressive et la voie d’intégration directe

Abd el-Kader indique qu’il a été de ceux à qui Allâh a donné la connaissance de soi-même par voie d’attraction directe, sans passer par le parcours spirituel progressif. La voie progressive, tout en étant plus élevée et plus complète, est cependant plus longue à parcourir pour le voyageur spirituel.

HALTE 19 : Le Maître spirituel est la Porte de Dieu

Une anecdote : un connaissant voit un disciple à la mine triste, et lui demande la cause de son état. Celui-ci lui répond que son Maître est mort. Le connaissant lui dit alors : « Pourquoi as-tu pris comme Maître quelqu’un qui peut mourir ? ». L’Aspirant aurait dû se présenter au Maître avec la conviction que ce dernier ne fait qu’appeler à la connaissance d’Allâh, qui ne meurt point.

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"Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme. Interrogez plutôt sa vie, ses actes, son courage, ses qualités, et vous saurez qui il est" (Abd el-Kader).