1962 HISTOIRE SUBIE OU CHOISIE




Création le 18 septembre 2018

Née en 1974 à Toulouse. Malika Rahal a été professeur agrégée d’histoire, a fait Sciences Po, puis l’Institut national des Langues et Civilisation Orientales– Langues’O – Paris. Elle est historienne, chargée de recherche à l'Institut d'histoire du temps présent (CNRS), et elle anime un carnet de recherche en français, anglais et arabe intitulé Textures du temps


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Il y a deux catégories de personnes, celles qui subissent l’Histoire, et celles qui la choisissent. En professionnelle avisée, en 2017, elle s’est intéressée à l’année 1962, une année charnière pour l’Algérie. 

Malika Rahal a donc consulté El Watan, dont le numéro spécial sur le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie nous avait consacré sa dernière de couverture entière. Il y était, entre autres, question du film que nous avions pris les 4 et 5 juillet 1962 à Sétif. Elle est la seule historienne des deux rives de la Méditerranée à s’être intéressée à ce film, et elle en a fait une fine analyse dans « Textures du temps ». :

https://texturesdutemps.hypotheses.org/2629

Le film n’est pas seulement un fait divers local. Il a lui-même une histoire qui ne laisse rien au hasard. En tant qu’étudiant stagiaire, nous avions failli être « martyr », c’est à dire assassiné (par des membres du commando interzonal Ali Khodja). Sans rancune, car nous avions aussi fait connaissance d’un membre de valeur du FLN, nous avions voulu savoir s’il était possible, malgré tout, de préférer la paix à la guerre civile, non sans « biscuit » car nous connaissions par cœur les cours d’histoire de l’École de Guerre, avant de repartir volontairement en Algérie faire notre service militaire, du putsch à l’indépendance …

 Nous avions choisi d’être officier SAS appelé dans la région qui nous paraissait politiquement la plus difficile : celle de Sétif. Premier sujet d’étonnement, il ne nous a pas fallu plus de deux mois pour convaincre une population (les Ouled Ali ben Naceur) majoritairement nationaliste du bien-fondé de notre stratégie. Cela nous a donc incité à filmer les fêtes de l’indépendance les 4 et 5 juillet 1962, avec - bien sûr - l’accord de leur organisateur, Maître Areski, pour que puisse avoir lieu, cinquante ans plus tard, une fête commune du souvenir.

Deuxième sujet d’étonnement, le comportement particulièrement amical de la population sétifienne et des alentours, pendant le « tournage », un témoignage que nous avons raconté dans le livre « Quand le merle sifflera ».

Troisième sujet d’étonnement : le comportement historique « peu amical » de quelques personnalités, françaises et algériennes (sauf Alain Peyrefitte en 1996), alors que nous avions pris toutes précautions auprès du Ministère algérien des Affaires Étrangères, du Ministère des Anciens Moudjahidines et du Wali de Sétif, afin de pouvoir projeter le dit film au cours d’une conférence sur l’amitié entre l’Émir Abd el-Kader et l’Empereur Napoléon III à la Maison de la Culture Houari Boumediene de Sétif. Nous traiterons avec un grand sourire les réactions « bisounourses » déclenchées par un ou plusieurs internautes sur Sétif-info, dont voici deux belles perles :





En revanche, nous avons fait des rencontres très amicales avec des Algériens de haut niveau, et nous avons fondé  ensemble l’Association supranationale « Pour l’Union des Méditerranéens », afin d’œuvrer pour une future paix en Méditerranée. Vaste programme car les risques de conflit mondial s’accroissent régulièrement, sans que les responsables politiques et les médias ne s'en inquiètent.


Machiavel n’a-t-il pas dit : « Un acte de douceur a souvent plus de pouvoir sur le cœur des hommes que la violence et la barbarie. » ?