GUERRE ET PAIX EN 1839 - 3

Création le 11 juin 2017

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Mais d’abord, nous empruntons des éléments à Wikipedia pour planter le décor. Tout d’abord le rôle du duc d’Orléans, chef de l'expédition touristico-politico-militaire dite "des Portes de Fer".

Le titre de duc d'Orléans est un titre féodal initialement créé en 1344 par le roi Philippe VI de France pour son second fils, Philippe. Depuis, le duché d'Orléans était traditionnellement donné en apanage à un fils cadet du roi de France et le prénom Philippe a d'ailleurs souvent été associé au titre de duc d'Orléans. En tout, les rois de France ont créé dix ducs d'Orléans, dont seulement six ont reçu effectivement un apanage, les autres furent simplement titrés duc d'Orléans.

 Ferdinand-Philippe (3 septembre 1810 – 13 juillet 1842), fils de Louis-Philippe est le dernier duc d'Orléans à porter officiellement le titre.




Passons à Ahmed Mokhrani.

Neveu de l'amokrane Abdallah ben Bouzid (mort en 1830), Ahmed Mokrani se trouve en rivalité avec un parent éloigné, Abdesslam (mort en 1847), khalifa d'Abdallah, qui occupe le trône en 1830-1831. Ahmed Mokrani s'allie alors avec le bey de Constantine, Ahmed Bey, et réussit à vaincre Abdesslam, qui est fait prisonnier. Abdesslam s'évade au moment de la prise de Constantine par les Français en 1837, et reprend le contrôle de la plaine de la Medjana, tandis qu'Ahmed se maintient dans la citadelle des Bibans, la Kalâa des Beni Abbes.


Abdesslam obtient de l'émir Abd el-Kader, alors en trève avec les Français, le titre de khalifa de la Medjana ; de son côté, Ahmed établit une alliance avec les autorités françaises qui le reconnaissent aussi comme khalifa de la Medjana. En octobre 1839, il assure le libre passage de l'expédition des Portes de Fer.
En 1845, une ordonnance royale précise sa situation : il est toujours désigné comme khalifa de la Medjana, mais avec un statut non plus d'allié, mais de subordonné (en l'occurrence, à l'officier commandant de cercle8). Il perd un certain nombre de prérogatives. Il meurt en avril 1853 à Paris, au cours d'une visite à l'invitation de Napoléon III.

 


Les préparatifs de l’expédition des Portes de Fer
 
À la fin de l'année 1838, le maréchal Bugeaud jugeant utile de relier Constantine, prise en 1837, à Alger par les Bibans, territoires revendiqués par l'émir Abd el Kader, demande au général Galbois, gouverneur de Constantine, d'entreprendre l'opération. Le cheikh El Mokrani, khalifa de la Medjana, s'offre comme guide et garant de l'entreprise. Deux colonnes françaises, l'une venant d'Alger et la seconde de Constantine, doivent se rencontrer aux Portes de Fer. En raison de fortes pluies, celle d'Alger reporta son départ ; celle de Constantine avance jusqu'à Sétif qu'elle atteint le 15 décembre 1838, s'y arrête le temps d'installer une garnison puis prend le chemin du retour sans avoir eu à combattre.
 

En mai 1839, le général Galbois revient à Sétif où de nombreux chefs de tribus viennent lui offrir leur soumission, non sans quelque résistance du khalifa Abdeslam El Mokrani, cousin d'Ahmed, qui échouant dans sa tentative d'attaquer la troupe près de Sidi Embarek se replie sur Zemmoura.
 


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À l’automne 1839, le duc d’Orléans repart pour l’Algérie pour réaliser, avec le maréchal Valée, la prise de possession par la France de la partie intérieure du pays, entre Constantine et Alger. Partie de Constantine le 16 octobre, trois jours après le deuxième anniversaire de la prise de la ville, la fameuse chevauchée gagne Alger le 2 novembre en passant par Sétif et le défilé des Portes de Fer. Abd el-Kader y voit une violation du traité de Tafna et déclenche la guerre sainte contre les Français. S’enclenche ainsi une escalade qui aboutira à l’occupation totale de l’Algérie par la France.
 

L'expédition
 

Le 16 octobre 1839, trois jours après le deuxième anniversaire de la prise de la ville, le maréchal Valée, gouverneur général, et le duc d'Orléans, partis de Constantine, arrivent à Sétif où une cérémonie grandiose les attend. Les khalifas au service de la colonisation étaient là, chacun accompagné de son goum richement paré.






Le 25 octobre 1839, ils s'arrêtent à Aïn Turc où Ahmed El Mokrani les rejoint pour leur annoncer que la route vers l'Ouest est sûre. Il les invite chez lui à Medjana où ils passent la nuit. Le 27 octobre, ils traversent les Portes de Fer par Bab Es Seghir et rejoignent sans encombres Alger le 2 novembre.
 


La réaction d'Abd el-Kader
 

Ce voyage effectué pour la première fois sans incidents permet à l'autorité militaire d'affirmer la souveraineté française sur des régions encore insoumises, avec l'appui des chefs locaux.
L'Émir Abd el-Kader, alors à Tagmount dans la région de Tiaret, est mis au courant de l'opération dès le 31 octobre  par l'entremise d'un messager envoyé par Abdeslam El Mokrani. L'Émir part immédiatement pour Médéa, où, dès son arrivée le 3 novembre 1839, il proclame la reprise de la guerre contre la France qui venait de « violer les accords de la Tafna ».
« Pour faire tomber les oppositions de la féodalité indigène disposée à se rallier à nous, pour vaincre l'inertie des démocraties berbères désireuses de s'isoler de la lutte, le 20 novembre, le jour de l'Aïd el Kebir, l'émir, parlant avec le double prestige de Chérif et de moqadem des Qadiriyya, proclamait le djihad.... » écrit Louis Rinn.
 

Aussitôt, des soulèvements ont lieu dans toutes les régions y compris dans les Bibans et la plaine de Sétif.
 


Faisons une digression sur Mohand Mokrani.



Mohand Mokrani est le troisième fils d'Ahmed, avec Lakhdar et Boumezrag. Le Service des affaires indigènes le désigne comme successeur, mais avec le titre moins prestigieux de bachagha de la Medjana, première humiliation d'une longue série.

--> Charles-André Julien écrit : « Les mesures les plus vexatoires se succédèrent ... : privation de ressources fiscales..., imposition de taxes inusitées ..., remplacement de ses préposés (oukil) par des caïds et des cheikhs dépendant du commandement supérieur, enfin confiscation d'environ 5 000 hectares de terres » affectés à la commune de Bordj Bou Arreridj. Il subit aussi des vexations personnelles : en 1864, il est blâmé en public par un général pour avoir émis des réserves sur l'internement de Bou Akkas, cheikh de la Ferdjioua. En 1870, il devient le subordonné d'un capitaine au lieu d'un colonel, alors même qu'il connaît personnellement plusieurs généraux français et a été reçu par l'empereur à Paris.

Tant et si bien que : Le 15 mars 1871, Mohand Mokrani lance l'attaque de Bordj Bou Arreridj. La ville est prise, mais pas le bordj proprement dit.


Acteur essentiel de l'insurrection de la Kabylie en 1871, refusant après la défaite ce qui lui est proposé : une reddition sans conditions et le passage en cours d'Assises devant un jury de colons, il meurt au combat le 5 mai 1871, à Oued Soufflat, près de Bouira, il est enterré dans la cour de la mosquée de Djamaâ El Kebir à la Kalâa des Beni Abbès.