L'ISLAM N'EST PAS COUPABLE 1
Création le 4 janvier 2017
D’après son titre - L’Islam n’est pas coupable - le livre de Smaïl Goumeziane pourrait laisser croire à une quelconque défense « juridique » d’une responsabilité de la religion musulmane dans les événements contemporains.
En fait, ce livre, publié en 2016, permet de bien comprendre quelle est la part des croyants, et celle des « Hypocrites », avec leurs qualités et leurs défauts, dans l’évolution d’une religion monothéiste depuis ses origines jusqu’à nos jours.
Smaïl Goumeziane est universitaire et spécialiste de la Méditerranée. Son avantage est qu’il a a été aussi Ministre algérien du commerce au début de la « décennie noire ». Il sait donc de quoi il parle : « Pour cela, je m’en remets, avec raison, à mes certitudes comme à mes doutes, à ma propre capacité de jugement comme à mon libre arbitre. Je fais aussi appel à mon expérience personnelle, professionnelle et politique du monde musulman et plus largement du monde des citoyens … pour en partager, à travers ce livre, les fruits de façon critique et sereine avec le plus grand nombre. »
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Le jeune Mohammed, qui deviendra Prophète, fait partie de l’importante tribu des Qoreïch, une tribu comptée parmi les arabes du nord ; son oncle est intendant de la Kaaba. La "demeure" sacrée mekkoise avait toujours été le lieu cultuel primordial. Abraham, prophète du nouvel âge, après le Déluge de Noé, fut l'initiateur du culte premier et cela sur ordre divin. « En cette fin du VI ème siècle, l’Arabie est une véritable poudrière, d’autant qu’en plus des convoitises affichées par les empires voisins, des rivalités entre tribus arabes s’aiguisent pour des questions de survie. La région se trouve alors à un tournant historique …
En ce temps-là, face à une nature hostile, les Bédouins doivent lutter pour survivre. Les plus nombreux s’adonnent à l’élevage ; d’autres se sédentarisent dans des palmeraies ; d’autres sont composées de négociants, de commerçants et d’artisans. Au besoin, ils attaquent épisodiquement des caravanes commerciales (la razzia). Ils sont polythéistes. La Mecque, sanctuaire de toutes les divinités, constitue le lieu de pèlerinage pour de nombreuses tribus des régions avoisinantes. La tribu Qoreïch gère tout cela et transforme la Mecque en un centre religieux, économique et culturel.
Abou Taleb, oncle de Mohammed - et son tuteur depuis la mort de ses parents - organise une caravane en direction de la Syrie. Mohammed , âgé de 12 ans, y participe. Rapidement, il acquiert une réputation de sagesse et d’efficacité. Au point qu’en 594, une riche et noble veuve, Khadidja, le choisit pour conduire une de ses caravanes en Syrie. Usant de sa bonne grâce, de sa franchise et de sa probité, Mohammed conduit la négociation sans les interminables marchandages coutumiers dans ces régions. À son retour, Khadidja, très impressionnée par l’efficacité de ce jeune homme, lui propose la gestion de son groupe caravanier, et mieux encore le mariage, qui durera 24 ans, en toute fidélité, jusqu’au décès de Khadidja.
Dix ans après ce mariage heureux, la Kaaba est partiellement détruite, et Mohamed montre son esprit de diplomate quand il s’agit de replacer la « pierre noire » sans faire de jaloux. Mais la religion monothéiste d’Abraham est tombée dans un complet oubli et est remplacée par la glorification d’une multitude d’idoles (plus de 360 !). À cela s’ajoute, sur fond de rivalités intestines le recours à la magie, à la voyance, à la sorcellerie, à des sacrifices humains …
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Grotte de Hira |
Au bout d’un certain temps, Dieu exige, par un verset, que Mohammed proclame ouvertement la nouvelle religion face au plus grand nombre. Cela produit un choc dans la société civile polythéiste, qui vit des échanges commerciaux avec toutes les tribus de la Syrie au Yemen et qui serait ainsi remise en question. Le lien fondamental ne serait plus l’appartenance tribale ; chaque individu serait rattaché à un Dieu unique : une vraie révolution ! L’hostilité se fait sentir immédiatement et oblige Mohammed et son entourage d’une centaine de personnes à fuir en Abyssinie où le Négus chrétien les accueille provisoirement.
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Médine |
À Médine, les émigrants venus de la Mecque et les Ansars (auxiliaires du Prophète) forment une communauté : Al Oumma.
Cette nouvelle communauté se concrétise à travers un ensemble de documents, connu sous le nom de « Constitution de Médine », qui précise les droits et devoirs des différents groupes médinois, musulmans, juifs et polythéistes. Cette communauté - minoritaire - est contestée par deux groupes : les »Hypocrites », formellement convertis, mais secrètement hostiles à Mohammed, et trois tribus juives, qui pactisèrent avec le Prophète avant de rompre un à un leurs engagements. Peu à peu, ces deux groupes trahissent Mohammed et se coalisent contre lui.
Le nombre de musulmans grossit rapidement. Mais les Mecquois ne laissent aucun répit à Mohammed. Ils constituent plusieurs coalitions pour lui couper les vivres et venir à bout de son action. En retour, Mohammed se décide à organiser des expéditions contre des caravanes meckoises. Après une première razzia, l’affrontement avec les Mecquois devient inévitable. Mohammed prévoit une seconde razzia près de Badr. Mais les « Hypocrites » en informent les Mecquois, qui triplent leurs forces. Les musulmans finissent par l’emporter, et le prestige du Prophète n’en est que plus grand. D’autres batailles se succèdent, en particulier en 625 et en 627 pour la prise de Médine. Les musulmans, encerclés, creusent des tranchées pour leur permettre de repousser l’ennemi. C’est une grande victoire morale pour le Prophète.
Ici se situe un épisode tragique en 627 : après la prise de leur forteresse, les hommes de la tribu juive des Bani-Koréïza sont exécutés pour trahison en 627, et les femmes et les enfants sont réduits en esclavage. C’était une pratique courante chez les guerriers de l’époque, y compris chez les Juifs ...
Mohammed comprend l’effet pervers de ces affrontements, et il utilise une arme d’un nouveau type, le pèlerinage non violent : lors d’une période sacrée, durant laquelle tout pèlerin non armé est librement accueilli à la Mecque, il décide d’accompagner sept cents musulmans pour le petit pèlerinage (Omra) à la Kaaba. C’est un succès psychologique. En 630, Mohammed revient avec dix mille musulmans et détruit de sa main toutes les idoles. Cette victoire pacifique se répand dans toute la péninsule arabique. Plusieurs expéditions assurent par la diplomatie, l’expansion de l’Islam au nord de la Péninsule.
La suite dans un prochain article