LE PRESIDENT BOUTALEB




Création le 15 janvier 2015

Docteur d’État en médecine, écrivain, conférencier et chercheur dans les archives Ottomanes à Istanbul, en Turquie, Chamyl Boutaleb est également Président de la Fondation Émir Abd-El-Kader, cette institution qui occupe une place incontournable dans le paysage culturel algérien … Il brise des tabous et éclaire notre lanterne au sujet des très controversées relations entre l’Émir Abd-El-Kader et la France. Chamyl Boutaleb, de la cinquième génération des descendants directs de l’Émir, explique enfin que la jeunesse algérienne saura comment lutter contre la pensée radicale et fanatique de ‘’Daech’’ en se nourrissant de la philosophie de cet héros national. 

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Lancé en novembre 2008, Algérie Focus est le premier journal interactif créé en Algérie. Francophone, il affiche sur sa page d’accueil le slogan : “L’information pour vous et avec vous”. Fort de 1,5 millions visiteurs uniques par mois et de 80 000 fans sur Facebook (juillet 2015), il est lauréat de l’Algeria Web Awards 2013 dans la catégorie pure player. Indépendant et participatif, il offre un espace où les internautes sont invités aux débats. Chaque année il organise le tour d’Algérie à la rencontre des réussites algériennes, “l’Algérie positive”. En plus de l’équipe basée à Alger, la rédaction dispose de correspondants à Paris. Le site couvre l’actualité algérienne dans les domaines politique, économique, social et culturel et propose des dossiers thématiques. Voici l'interview que Algérie Focus a consacré au Docteur Chamyl Boutaleb :

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Algérie Focus : Chamyl Boutaleb, vous êtes Président de la Fondation Emir Abd-El-Kader et arrière-petit-fils de l’Émir, pouvez-vous nous dire ce qu’il reste aujourd’hui réellement de l’héritage de cette figure incontournable de notre histoire ?

Chamyl Boutaleb : L’Émir Abd-El-Kader avait très tôt pris conscience des progrès inattendus réalisés par l’Europe du XIX ème siècle et de la nécessité de réformer les sociétés musulmanes en général et la société algérienne en particulier pour qu’elles puissent se mettre au niveau d’évolution requis par l’époque et ceci dans la fidélité à leurs valeurs identitaires.
Les événements qui ont jalonné sa vie, constituent pour un observateur attentif des sources indéniables d’inspiration dont les principes d’action auraient pour nous valeur d’exemple et dans lesquelles on peut y découvrir des pistes de réflexion ou peut-être même des propositions qui viendraient éclairer notre quête pour concilier le respect de nos valeurs authentiques avec la nécessité d’intégrer les apports incontournables de la modernité occidentale.

L’évocation justement de cette mémoire de l’Émir Abd-El-Kader doit rester vive dans l’esprit de chaque Algérien et méditer sur l’Héritage Politique, Civilisationnel et Spirituel qu’il nous a laissé afin de rendre hommage à ce grand homme exceptionnel de génie, bâtisseur de l’état nation moderne algérien, symbole de la résistance et de notre unité nationale et symbole de la jeunesse. Les objectifs de l’Émir étaient basés sur la volonté de la nation, l’incarnation du djihad pour la libération du pays et l’organisation de l’État.

A.F. : Comment expliquez-vous que les jeunes Algériens ne connaissent que très peu de choses de l’Émir Abd-El-Kader ? Comment jugez-vous l’enseignement de l’histoire de l’Émir dans notre programme scolaire ?

C.B. : Depuis le 5 juillet 1966, lorsque le Président Boumediene avait promis que la sépulture de l’Émir à El-Alia n’était que provisoire, en attendant la construction d’un mausolée, la jeunesse algérienne attend toujours ce geste tant espéré afin de redonner sa place prépondérante à l’Émir pour lui rendre un hommage définitif et redonner confiance au peuple algérien.

Les gouvernements successifs n’ont même pas offert le minimum à notre Héros National pour que l’évocation de ce grand homme pieux, grand chef d’État, grand moudjahed reste le symbole de la résistance algérienne ; Pour qu’également le génie de cet homme, qui regroupait en lui toutes les qualités (l’amour de l’islam, la dignité, la tolérance) s’impose à nous par le progrès, la science et l’exercice d’une démocratie véritable ; Pour qu’enfin nous nous nourrissions de son message plein d’universalisme !

En insufflant la résistance dès qu’il fut élu à la magistrature suprême, l’Émir a voulu préserver avant tout la liberté politique de son pays et de ses habitants, laquelle lui paraissait difficilement séparable de la notion de souveraineté. Toute politique suppose une vision et une idée de l’homme car il s’agit dans l’exercice du pouvoir de le servir, de l’élever, de le conduire dans la plénitude de son épanouissement.

  Cette vision était celle de l’Émir. Malheureusement elle n’a jamais été suivie. La conjoncture va lui permettre de se révéler, de montrer et de démontrer que l’homme, pour son épanouissement, a besoin de la liberté comme la plante a besoin du soleil.
 
Pour concrétiser cette liberté, l’Émir s’appuie sur les personnalités influentes du pays et ne prend jamais une décision, même en temps de guerre, sans discussion et consultation préalable de son Medjless Echoura. C’est la vraie démocratie imaginée et mise en application par lui, qui est le régime des peuples majeurs et heureux. C’est à l’originalité et la réussite de l’Émir qui a su, pendant dix-sept ans, lutter pour préserver d’abord son pays de la domination coloniale, construire, rénover en vue de l’institution d’un État fort, capable de se discipliner mais également garant des libertés des citoyens.

À l’aube du XIX ème siècle, l’Émir aspire et prépare une nouvelle civilisation en défendant la liberté politique alors qu’elle n’était pas encore inscrite dans des codes ou déclarations universelles. En s’entourant aussi de conseillers de très hautes qualités morales, l’Émir, le croyant musulman convaincu, donne l’exemple d’un homme tolérant et libre d’esprit. L’Émir est le meilleur exemple pour les protagonistes des troubles dominés par la haine et l’intolérance que vit le monde actuel.


 Mohammed-Cherif Sahli écrira fort justement que "l’un des grands mérites de l’Émir fut d'avoir compris qu'en matière de civisme il ne suffit pas de prêcher, mais qu'il fallait donner l'exemple à la fois aux serviteurs de l’État et à la population ; il imposa à sa famille et à son entourage un train de vie simple et austère en harmonie avec celui des masses algériennes".

Aucun de ses "successeurs" n'a donné le bon exemple ; Bien plus, tous choisirent leurs commis parmi les "inconditionnels", des thuriféraires qui se préoccupent davantage des prérogatives de leur fonction que du bien public.

Il est indéniable que, dans nos manuels scolaires, l’Histoire est très mal enseignée au niveau des deux premiers paliers, l’Émir n’y occupant que 5 lignes qui portent à équivoque, en déclarant d’une manière aussi péremptoire qu’erronée - surtout à l’adresse de jeunes enfants - que notre héros national, pieux Musulman, cheikh et imam, s’est "rendu" à la France en omettant de signaler (à mauvais escient) que tout musulman "ne vient que d’Allah et ne se rend qu’à Allah". La charte d’Alger donne pourtant une place éminente et supérieure au héros national.
 

A. F. - Que répondre à ces Algériens ?

C. B. : Les réflexes du « colonisé envers ses colonisateurs » perdurent même jusqu'à nos jours et précisément par ceux-là même qui doivent défendre le symbole fondateur de l'État moderne algérien. Car si on suit les raisonnements farfelus et mesquins, à la limite du blasphématoire de ces "nostalgiques" d'ici ou de là-bas et qui se permettent de diminuer les actions de l’Émir tout en ayant des arrières pensées machiavéliques (Nawaya Khabitha), pour ces gens-là, l’Émir n'aurait jamais dû exister. 


Oui mais, on le remplacerait par qui ? Il se trouve qu'il est l'un des trois Hommes exceptionnels qui ont marqué le XIX ième siècle, et ces dénigreurs voudraient l'effacer de notre mémoire par leurs actions néfastes, subjectives, ridicules ... mais oh !

 Combien tentaculaires, personnages en mal de grands hommes et qui véhiculent depuis plus d'un siècle et demi l'idée que l’Émir ne pouvait être que "l'ami de la France" - dans le sens le plus péjoratif du terme s'entend - (d'ailleurs quelques photographies de propagande n'hésitent pas à le montrer bardé de plusieurs kilos de médailles alors qu'en réalité il n'en avait reçu que six pour son action de sauvetage humanitaire de plusieurs milliers de chrétiens menacés de mort à Damas). 

L’Émir s'est certes « rendu le 23 décembre 1847 au rendez-vous » donné pour finaliser l'Armistice ; Mais au mot « s’est rendu à…tel endroit » on a donné le sens de… « reddition ». La France coloniale a falsifié l'histoire de l’Émir Abd-El-Kader.

Il est de notre devoir de dire et d'écrire la vérité historique sur les plus grandes supercheries qui ternissent la mémoire de l’Émir, fondateur de l’État algérien dans le sens le plus moderne du terme et symbole de notre unité nationale, deux entités fondamentales et incontestables. C'est pour nous un devoir de « mémoire » que de dire les « vérités » sur cet homme universel qui a fasciné tant de générations d'écrivains, chacun plagiant les erreurs des autres, tout cela pour rayer des mémoires collectives le parjure français d'un accord survenu un certain 23 Décembre 1847.

L’Émir n'a jamais eu de mains tachées injustement du sang de ses coreligionnaires. Il n'avait qu'un seul ennemi : L'envahisseur français et ses affiliés qui le combattaient. On ne doit pas jouer avec les mots en histoire car comme l'a dit Goethe, « il suffit tout simplement de dire le Vrai d'une manière étrange pour que cet Étrange finisse par sembler vrai à son tour ». La charte d'Alger de 1964 était dans le vrai lorsqu'elle énonçait : « Sa volonté (celle de l’Émir) de moderniser le pays en posant les fondements d'une économie moderne se heurta aux tendances antinationales des chefs locaux ». Mostefa Lacheraf, dont tout le monde connaît l'érudition et le patriotisme, affirmait « que l’Émir fondait un véritable État algérien et détruisait la féodalité ».


Depuis le 23 Décembre 1847 jusqu'à nos jours la France a façonné notre histoire en général et l'histoire de l’Émir Abd-El-Kader en particulier à sa manière, aidée et relayée en cela par ses thuriféraires d'ici, lesquels ne se privent pas de toucher à l'intégrité de la mémoire et de la personnalité du symbole de notre unité nationale soit par la falsification, l'injure, la profanation ou la récupération.

Alors là, moi ce qui me chagrine le plus c'est cette phrase aussi péjorative qu'incorrecte, aussi gratuite que dénotant une certaine compréhension incomplète de la part de ceux qui ont le devoir de tout faire pour ne pas ternir la mémoire du fondateur de l’État-nation moderne algérien ; et c'est une erreur monumentale que de dire ou écrire : « l’Émir s'est rendu à la France ».
Avec la copie conforme à l'originale de la lettre de l’Émir à Lamoricière datée du 21 Décembre 1847, document en notre possession, avec la lettre de Lamoricière au Duc d'Aumale du 22 Décembre 1847 et celle de Louis-Napoléon Bonaparte du 16 Octobre 1852, nous pouvons démontrer qu'il y a bien eu négociations pendant 4-5 jours entre l’Émir et Lamoricière pour l'arrêt conditionnel des combats, armistice qui n'a pas plu au maréchal Guizot (ministre de la guerre) qui s'est exclamé devant le roi Louis-Philippe en disant : « L’on ne détruit pas un grand homme à la tête de sa nation tant qu'on ne l'a pas tué ou capturé ; Or, nous n'avons pas tué l'Emir, nous ne l'avons pas capturé. Cet accord est une défaite pour la France ».

Comment faire alors ? L'astuce est vite trouvée.
Dire que l’Émir s'est rendu à la France et le mettre en prison ; Le temps fera oublier ce parjure. Après une captivité aussi dure qu'injuste, incarcéré dans des conditions lamentables et déshonorantes pour la France, leur faisant subir le plus grand des parjures, celui d'avoir failli à la parole donnée, le 16 Octobre 1852, l’Émir et ses compagnons furent libérés par Louis-Napoléon Bonaparte en ces termes : « Abd-El-Kader, Je suis venu vous annoncer votre mise en liberté… Depuis longtemps, vous le savez, votre captivité me causait une peine véritable, car elle me rappelait sans cesse que le gouvernement qui m'a précédé n'avait pas tenu les engagements pris envers un ennemi malheureux; et rien à mes yeux de plus humiliant pour le gouvernement d'une grande nation, que de méconnaître sa force au point de manquer à sa promesse… Vous avez été l'ennemi de la France, mais je n'en rends pas moins justice à votre courage, à votre caractère, à votre résignation dans le malheur ; c'est pourquoi je tiens à l'honneur de faire cesser votre captivité… »

A.F. : D’autres évoquent régulièrement les relations présentées comme « occultes » entre l’Émir Abd-El-Kader et les Francs-maçons ? Qu’en est-il en vérité de ce chapitre de l’histoire de l’Émir ?
C.B. : La prétendue adhésion de l’Émir Abd-El-Kader à la Franc-maçonnerie est une des plus grandes duperies et manipulations qu’il est du devoir de tout intellectuel arabe et musulman de faire connaître. Bruno Etienne, « grand maitre » de la franc-maçonnerie, voyait celle-ci partout. Il n'a cependant pu présenter aucun document écrit de la main de l’Émir prouvant son appartenance incontestable à cette société secrète, ce qui est étrange quand on sait que la correspondance de l’Émir s'élève à des dizaines de milliers de lettres. Même si on admet l'initiation de l’Émir, il n’y a aucune trace de correspondance ou de quelque type de relation que ce soit. Étrange !!!

Quant à la lettre-réponse de l’Émir aux questions qui lui ont été posées par la confrérie, ce sont des réponses qui ne dérogent en aucun point au « 3ilm el qalam » tel que l'ont connu nos ancêtres. Un autre point faible de la thèse est bien sûr « l’initiation par procuration ».

L’Émir aurait été initié par la loge Henri IV mais via la loge alexandrine, ce qui fait intervenir encore plus de suspicion sur ce point. Et encore, l'inconsistance de la thèse réside principalement dans le manque de sources indépendantes pour confirmer la thèse d'Etienne qui est incapable de présenter d'autres documents que des archives de sa secte.

D'un autre côté, son objectif est avoué entre les lignes, quand il insinue de façon sournoise la soi-disant relation entre ‘’Ennahda’’ et la franc-maçonnerie via l’Émir, El Afghani et Abdou. Enfin, quand on sait que Bugeaud, le bourreau des peuples, était franc-maçon, je pense qu’il n’y a que les maçons qui soutiennent mordicus cette thèse farfelue de la soi-disant appartenance de l’Émir à la maçonnerie…

Connaissant l’estime et la considération que vouent tous les peuples d’Afrique du Nord à cet illustre homme de foi, homme de lettres et militant, les Francs-maçons veulent par leur geste rappeler que si le plus populaire des Maghrébins était maçon, il n’y a pas de quoi rougir pour le devenir ou pour critiquer n’importe quel Musulman après lui pour son adhésion à la Franc-maçonnerie.

A.F. : Le monde en général et l’Algérie en particulier, sont confrontés à la menace terroriste incarnée par la pensée extrémiste de Daech. Que peut apporter le soufisme de l’Émir Abd-El-Kader comme réponses à cet extrémisme intégriste qui menace notre avenir ? En quoi la philosophie de l’Émir Abd-El-Kader peut nous aider à lutter contre l’esprit criminel de Daech ?

C.B. : L’Émir était ‘’chrif’’ et ‘’mrabet’’, cheikh et imam. Il a été initié par son père à la Tariqa El Qadriyya (qui était la première Tariqa de l’histoire musulmane). Grâce à son père, il était déjà rattaché (grâce à Sidi Mortadha Ezzabidi d’Égypte) à la Silsila El-Akbariyya, (du nom du plus grand interprète musulman de la doctrine métaphysique : Cheikh El-Akbar, Aboubekr Mohammed Mohieddine Ibn Arabi). Enfin, c’est lors de son long périple vers l’Orient que El-Hadj Abd-El-Kader devint à Damas disciple du grand Cheikh Khalid Ennaqshbandi et à la Mecque il eut pour maître le grand Cheikh Echadili : Mohammed Ben Mess’oud El-Fassi Echadili, descendant spirituel du fondateur de la Madaniyya, Cheikh Abou-Mediène Cho’aib Ben El-Husein El-Ansari (El-Qotb El-Ghaouth).

Le message universel de l’Émir et sa dimension intellectuelle ont rendu cet homme extraordinaire comme l’un des plus grands ‘’intellectuels’’ du 19ième siècle, auteur d’une Som’aa métaphysique que sont ses « Mawaqifs » ou « le Livre des Haltes », qui sont des « écrits spirituels », dans lesquels nous retrouvons au chapitre de « l’imitation du Prophète » (saws) une infime partie de son message qui résume cette sorte de syncrétisme, d’universalisme dont il s’inspire : « Les gens de notre voie (qu’ALLAH  soit satisfait d’eux) n’ont jamais prétendu apporter quoi que ce soit de nouveau en matière spirituelle, mais seulement découvrir dans la tradition immémoriale des significations nouvelles » contre toute forme d’intégrisme qu’il combattait dès qu’il apparaissait sous quelque forme que ce soit. La lutte contre l’esprit criminel de « Daech » se trouve dans la philosophie de l’Émir et l’étude de ses « mawaqifs ».

A.F. : En ces temps obscurs, nous constatons que c’est en ce sens que le soufisme est une réponse cinglante et sans équivoque à l’intégrisme … Ce ne sont pas les défis qui manquent pour réhabiliter l’héritage de l’Émir. Qu’est-ce qui explique réellement cet immobilisme ?

C.B. : Depuis un certain temps, un regain d'activités - je dirais plutôt d'activisme - ici chez nous en Algérie mais aussi de l’autre côté de la Méditerranée, plus particulièrement en France, se concentre autour de l’Émir Abd-El-Kader. Récupération pour certains, sur fond de falsification pour d’autres, se fait autour de cette pyramide universelle, cette pyramide intellectuelle dans toutes ses dimensions éso et exotériques, depuis 2001, soit depuis la fin de la présidence de la Fondation Émir Abd-El-Kader par S.E. M. Idriss Jazairy. Le 24 Mai 2012, les membres de toutes les sections de wilaya de la Fondation Émir Abd-El-Kader ont élu à l’unanimité, lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire Élective de la Fondation Émir Abd-El-Kader, le Dr Chamyl Boutaleb comme quatrième Président de cette noble association. S.E. M. Idriss Jazairy en est le président d’honneur tout comme M. Mohamed Boutaleb, comme le prévoient nos statuts …

A.F. : Selon vous, quelles sont les leçons que les jeunes algériens de 2015 doivent tirer de la vie, de la pensée et du parcours de l’Émir Abd-El-Kader ?


C.B. : L’Émir Abd-El-Kader a été porté à la magistrature suprême dès l’âge de 24 ans. A 25 ans il signe un « traité » avec le Général Desmichels. A 26 ans il affronte les colonnes (2800 hommes) du Général Trézel composant la plus forte armée de l’époque (armée napoléonienne). A 29 ans il signe un deuxième « traité » avec le Général Bugeaud. Il aura combattu l’armée coloniale française durant 17 années, lui usant 142 Généraux, 16 ministres de la guerre et 5 Princes de France. Il a été épaulé par 17 Khalifas aussi prestigieux les uns les autres, issus de toutes les régions d’Algérie. Le plus jeune djoundi était âgé de 16 ans, le plus âgé avait 29 ans …

Notre jeunesse actuelle doit avoir le respect de nos valeurs authentiques dans le progrès, la science et l’exercice d’une démocratie véritable pour préserver avant tout la liberté politique de notre pays et de ses habitants, liberté difficilement séparable de la notion de souveraineté. Le travail et la discipline des jeunes Algériens seront les garants des libertés des citoyens. Cette vision est celle de l’Émir, symbole de la résistance.

A.F. : Dites-nous enfin ce que doivent faire les autorités pour ressusciter la pensée de l’Émir Abd-El-Kader ?

C.B. : Tout d’abord, les autorités compétentes doivent se pencher sérieusement sur les livres scolaires et donner une place très importante à l’Émir dans toutes ses dimensions, génie militaire, homme d’état, poète, philosophe, penseur, « humanitariste » , soufi.

Deuxièmement, les autorités doivent tenir les promesses données par le président Boumedienne. Aujourd’hui la jeunesse algérienne attend ces promesses. Le Président de la République ne doit pas tenir compte des idées négatives et blasphématoires relayées par les falsificateurs de l'histoire de l’Émir Abd-El-Kader et nous espérons que très prochainement notre Émir aura et son mausolée et une « journée nationale de la mémoire » ainsi que « dar el-Emir » dans chaque wilaya. C'est le minimum que l’État doit offrir à notre Héros National.

Entretien réalisé par Abdou Semmar.

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 « Je voudrais te féliciter pour cette excellente interview qui est la meilleure parue depuis longtemps sur l’Émir Abd-El-Kader. Tu as su lui rendre justice et tu l’as fait avec des mots qui touchent et qui convainquent. Par tes propos judicieux, tu as honoré la Fondation que tu présides et la mémoire de l’Émir ». S.E. M. Idriss Jazairy (Ancien conseiller du Président Boumediene).