LA PRINCESSE DES SABLES 2




Création le 4 juin 2014

Arrivé à Sainte Hélène, Napoléon Ier soupira : "Quel roman fut ma vie". Toutes proportions gardées, il en fut de même pour Marie-Aurélie Picard, qui, toute petite, dit un jour fièrement à ses parents :
- Ce sera maîtresse !
- Comment ça, maîtresse ?
- Quand je serai grande, je ferai maîtresse d'école.


Quand elle fut grande, elle fut une maîtresse femme, une aventurière au sens noble du terme.

José LENZINI, entre autres, en a fait une biographie romanesque en 2000 : "La Princesse des Sables".

Voici sa "lettre de motivation":

"Je suis né en 1943 à Sétif d’un père immigré italien et d’une mère, elle-même fille d’un italien et d’une espagnole illettrée. Tous étaient ouvriers et travaillaient au service de patrons durs, exigeants. Cette famille va être une sorte de cocon défensif qui se mure dans une sorte de discrétion commandée sans doute par la pauvreté nécessairement fière dans laquelle nous vivons.

Ce qui nous coupe un peu des réalités extérieures, d’autant que la source d’information unique est alors La Dépêche Quotidienne qui soporifise (si je peux me permettre ce néologisme) ce petit peuple avide de plaisirs simples et urgents. Je vivais, sans le savoir, dans ce pays dont Camus disait qu’il était « à la fois mesuré et démesuré. Mesuré dans ses lignes, démesuré dans sa lumière. » Cette démesure a toujours fait outrage à la raison, à l’histoire. Nous sommes là, peuples sans racines à essayer de s’incruster dans cette terre dont nous sommes persuadés qu’elle est nôtre.

On chante La Marseillaise avec l’accent. On apprend que nos ancêtres sont Gaulois et que certains toits sont de chaume… C’est le prix de la francisation et la civilisation dont nous allons nous parer en regardant avec un certains mépris ces Arabes sans culture, sans idéal, ces barbares incapables d’accéder aux merveilles du progrès. Bref ! On ne se pose pas de question. Chez moi –comme chez la plupart des voisins- on ne fait pas de politique… Et on n’en parle pas non plus.

Quand le début de la Révolution algérienne arrive, on ne comprend pas. Personne chez moi ne fait de lien avec Sétif où toute la famille résidait au moment des événements comme on les appelait. C’était en 1945. On était en 1954. Il faudra attendre 1964, à mon retour du service militaire pour que ma mère évoque ces journées de Sétif, pour que je prenne conscience que je m’étais fait doubler par une histoire en marge de laquelle nous avions toujours vécu… Même (surtout ?) si ma grand-mère, ma mère et mon père parlaient parfaitement l’arabe et fréquentaient des Musulmans.

Désormais, il me fallait renouer avec mon passé, remonter l’écheveau, essayer de comprendre. Et il n’était pas question de le faire hors de cette terre de passion, de révoltes, de soleil envers laquelle j’avais une dette de mémoire et d’amour. Dans un premier temps, il m’a fallu faire le deuil de cette inconscience politique : mon métier de journaliste m’a facilité ce travail (souvent douloureux) par le biais de reportages. J’ai lu tout ce qu’on ne m’avait pas appris dans mes livres d’histoire passés. Je me suis reconstitué."


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Roger Frison-Roche, entre autres en a fait une autre biographie romanesque en 1978, c'est "Djebel Amour".

Roger Frison-Roche est issu d'une famille savoyarde. En 1923, à 17 ans, il s'installe à Chamonix. Dès son arrivée, il est très vite connu des Chamoniards qui le surnomment « Grand Sifflet » ou « Frison ».

L'explorateur


En 1935, il réalise sa première expédition au Sahara avec le capitaine Raymond Coche, où il est guide de l'expédition alpine française au Hoggar. L'expédition effectue la première de la Garet El Djenoun (la Montagne des génies). En 1937, il traverse à dos de chameau le Grand Erg Occidental avec Albert Plossu. En 1950, il fait mille kilomètres à dos de chameau au Sahara avec Georges Tairraz. Après son film Le Grand Désert, il commence sa carrière de conférencier qui va durer 15 ans. En 1955, il entreprend la traversée du désert en 2 CV, d'Alger à Niamey. En 1956, il fait son premier voyage vers le Grand Nord, en Laponie avec Jacques Arthaud pour le tournage du film Ces hommes de 30 000 ans. Entre 1966 et 1969, il entreprend plusieurs expéditions dans le Grand Nord canadien ainsi qu'en Amérique du Nord.


L'écrivain

 
Il publie son premier livre en 1936 : L'Appel du Hoggar, paru chez Flammarion. Entre janvier et février 1941 paraît Premier de cordée sous forme de feuilleton dans La Dépêche algérienne. Il envoie le manuscrit à l'éditeur grenoblois Arthaud en septembre 1941. C'est en 1943 qu'est réalisé le film Premier de cordée. En 1948, il publie le second de ses deux romans les plus populaires: La Grande Crevasse. En 1981, il publie son autobiographie : Le Versant du soleil.


Le citoyen

 
En 1940, après l'armistice, il retourne à Alger. En 1942, il est correspondant de guerre aux côtés des Alliés sur le front de Tunisie et est fait prisonnier par les Allemands à Pichon (Kairouan). En 1943, il est prisonnier à Naples où il passe un mois dans une cellule de condamné à mort puis est transféré par la Gestapo à la prison de Fresnes, puis à Vichy, d'où grâce à une connaissance influente il obtient des papiers pour retourner à Chamonix alors occupée par les Italiens.

"J'accomplissais pour le compte de l'Echo d'Alger une grand enquête sur les coins les plus reculés de l'Algérie, ceux qui étaient restés à cette époque en marge de notre civilisation. Traversant le djebel Amour en jeep … j'arrivais un matin en vue du palais de Kourdane, construction insolite au pied de l'Atlas saharien. Le palais et ses annexes gisaient dans le silence et la touffeur de l'été saharien. Les jardins abandonnés étaient envahis par les ronces, les jujubiers, l'alfa et l'odeur pénétrante du cheikh ( genre de romarin ) flottait sur les ronciers, anciens parterres de roses revenus à l'état sauvage.

Nous visitâmes le palais accompagnés d'un serviteur noir aussi décrépit que son environnement. C'était une maison morte que nous parcourions, et pourtant une présence féminine aussi obsédante qu'un fantôme nous suivait pas à pas …"



ACTE 1 - MARIE-AURÉLIE PICARD

Son père a été gendarme en Algérie, Rapatrié sanitaire, il en rêve encore, et fait partager son rêve à sa fille lors de leurs promenades à cheval. La famille est nombreuse et peu riche. Il faut en faire son sort : elle sera embauchée dans une boutique de mode. Finies les études ! Mais elle se débrouille si bien qu'elle attire l'attention de Madame STEENACKERS, épouse d'un Conseiller général, qui, séduite par les qualités hors normes de la jeune fille, en fait l'intendante de son château. Mais Madame STEENACKERS trouve le prénom de la fille un peu ringard : ce sera Aurélie tout court. Aurélie apprend donc les bonnes manières, le piano, bref son destin est tout tracé.

Patatras, c'est la guerre de 1870. Le Conseiller général est muté à Bordeaux, Aurélie aussi. Nouveau job : organiser les transmissions entre le gouvernement et les armées. L'idée géniale est d'utiliser les pigeons voyageurs. Aurélie est toute désignée pour être gérante des pigeons.

Fin du premier acte.

ACTE 2 - AHMED TIDJANI

La Tidianya est une voie d’origine maghrébine, qui a pour fondateur Seydina Cheikh Ahmed Tidiani, né en Algérie en 1737 et décédé à Fès en 1815. Ahmed Tijani, à 46 ans, voit une apparition de Mahomet (sa « grande ouverture », ou fath el akbar) lors d'une retraite spirituelle à Boussemghoun (Algérie)4, au cours de laquelle celui-ci lui dit qu'il était son garant, son maître choisi et son éducateur exclusif. Il lui ordonne ainsi de délaisser tout ce qu'il avait reçu des différents maîtres rencontrés et de leurs voies spirituelles, et de répandre sa doctrine. Son ordre prend rapidement une expansion importante sur la région, ce qui provoque l'inquiétude des autorités de l'époque.

Pour en savoir plus, on peut consulter le site :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tijanisme

Les Tidjani sont une confrérie musulmane très influente en Algérie, au Maroc, au Sénégal. Le siège du califat est à Ain Mahdi, près de Laghouat. Et le marabout de la confrérie est alors à Bordeaux et s'appelle aussi Ahmed Tidjani. Pourquoi ?

D'abord Ahmed Tidjani est noir de peau, enfant d'un descendant du Prophète et d'une Sénégalaise ( ou quelque chose comme ça ). Ensuite ce n'est pas un ami d'Abd el-Kader, lequel a vainement tenté de prendre la ville d'Ain Madhi. Donc il est du côté français … En 1865, il offre un de ses meilleurs chevaux à l'Empereur en gage de fidélité, mais l'administration française n'est pas vraiment certaine de ses sentiments. Il vient en quelque sorte plaider sa cause auprès du gouvernement en exil à Bordeaux. Un beau jour, revêtu de ses habits de Cheikh, il se promène du côté du pigeonnier.

ACTE 3 - LA LUNE DE MIEL

Le prince TIDJANI aperçoit Aurélie. Il ne parle pas le français, mais un militaire vient de le rejoindre, et traduit les paroles :

- Il dit que vous avez autant de grâce que les colombes …


L'interprête poursuit :
- Pour le Prince TIDJANI, les colombes doivent être bien heureuses de converser avec vous ; il dit également que vous avez de la chance de connaître le langage des oiseaux, car, selon le Prophète, "le chant des oiseaux est la parole des anges".

Aurélie fut troublée par cette rencontre … et c'est parti !





Bientôt la suite :

ACTE 4 - L'USURE DU TEMPS

LA FIN

EPILOGUE