L'ÉPOPÉE DES SPAHIS

 Création le 5 mai 2014

La prestigieuse épopée des Spahis (algériens) est racontée dans le numéro 8 du dernier trimestre de 2009 de la revue "Napoléon III - Le magazine du second Empire" par Louis Delpérier, historien.

http://www.napoleon.org/fr/magazine/revue_presse/files/480929.asp

Depuis 1830, les spahis, cavaliers que l'on souhaitait recruter parmi les familles arabes"de grande tente", s'étaient révélés des auxiliaires précieux dans le cadre de la conquête de l'Algérie.


Sous l'Empire, ils forment une sorte d'aristocratie au sein des troupes indigènes et participent au grand dessein que le régime, parfois pétri d'illusion, nourrit à l'égard du "royaume arabe".

Nous faisons la recension de cet article en tant que typique d'une occasion manquée. Si les gouvernements français successifs des IIIème, IVème et Vème Républiques avaient fait preuve de stratégie valable, ce corps d'élite aurait pu former le noyau d'une Arme blindée et Cavalerie d'une future République algérienne, amie de la France …

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Le 21 mars 1831, une ordonnance régularise l'existence de deux escadrons de chasseurs algériens. Mais la véritable origine des spahis se situe  dans la troupe irrégulière dont Yusuf obtient le commandement avec le grade de capitaine, et qui se rend maître de la casbah de Bône, ce qui vaut à ses "Coulouglis" - fils de Turcs et de femmes indigènes - de devenir les Spahis en 1834, soit plus de 1000 hommes et 800 chevaux en 1836. Après quelques vicissitudes, Bugeaud, le successeur de Valée, se montre partisan d'une grande formation de cavalerie indigène en signe de confiance.





Le 7 décembre 1841 est créé le corps des Spahis, vingt escadrons, quatre mille hommes, qui se distinguent dans la prise de la Smala d'Ab el-Kader et à la bataille d'Isly contre les Marocains.

Les meilleurs cavaliers arabes peuvent briguer jusqu'au grade de capitaine, mais Yusuf devient général de brigade à titre français en 1851.



En fin 1852, Laghouat est prise d'assaut par les Spahis … Aux dires du règlement du 1 mai 1862, les escadrons sont transformés en "smalas" : "réunion sur un territoire déterminé et appartenant à l'État des familles des cavaliers indigènes d'un escadron, avec leurs tentes, serviteurs, chevaux et bestiaux". Dans les tentes, raconte un témoin sans complaisance,  "des poules, des bourricots, des femmes, une atroce odeur de peau de bouc, des poux" …




Le 15 mars 1854, un escadron "de guerre" s'embarque pour Gallipoli, et fait merveille en Crimée. Un peloton avait déjà été envoyé à Saint-Louis du Sénégal dès 1843, et assure la présence française dans le Haut Sénégal face aux Toucouleurs. En 1860, un peloton forme l'escorte du général Montauban dans le cadre de l'expédition de Chine. Un détachement est envoyé en Syrie pour y faire cesser le massacre de chrétiens. Et lorsque Hussards et chasseurs d'Afrique font bénir leur sabre au Saint Sépulcre de Jérusalem - Jésus étant également prophète en Islam - les Spahis se joignent avec enthousiasme à la cérémonie.


Présentation à Napoléon III au Bois de Boulogne

Dans son souci de transformer la terre conquise en Protectorat, Napoléon III fait séjourner le 1er régiment de Spahis à Paris, mais ils peinent à supporter l'éloignement du pays. Cependant en août 1870, un détachement d'une cinquantaine de cavaliers sert dans les rangs de l'armée de Paris avec un
professionnalisme qui lui vaut des éloges unanimes, y compris de la part des Allemands :

"Ces Arabes faisaient preuve d'une grande adresse pour tromper et inquiéter l'ennemi. Souples et exercés au tir aussi bien à pied qu'à cheval, ils étaient bien supérieurs à nos cavaliers. Ils étaient partout et nulle part" (Fritz Hoenig).

Le 13 juin 1870, le journal La Patrie rétorquait à un député qui voulait remplacer les Spahis par des milices européennes :
"Les Spahis ont répondu à ce qu'on attendait d'eux. Il n'est pas un coin de l'Algérie qu'ils n'aient teint de leur sang, qu'ils n'aient illustré par leur intrépidité, qu'ils n'aient rendu célèbres par leurs coups d'éclat."


Défilé de spahis en 1930

Poursuivons ensuite avec la visite du Musée des Spahis de Senlis ..

Musée de Senlis
Deux régiments de Spahis ont tenu garnison à Senlis, le 4° régiment de Spahis Marocains de 1928 à 1939, et le 7° régiment de Spahis Algériens de 1948 à 1962. Le souvenir en reste gravé dans les mémoires. Après avoir séjourné à partir de 1978 à l’hôtel de Vermandois, puis dans la chapelle du chancelier Guérin du palais épiscopal dès 1983, c’est en 1991 que le musée des Spahis s’installe à l’entrée du Château Royal dans une maison acquise par la ville de Senlis.

C’est en 1993 que l’association Le Burnous, fondée en 1895 et ouverte à d’anciens Spahis, Goumiers, Méharistes et Sahariens, signe une convention avec la ville de Senlis, pour entériner la donation d’objets, documents, uniformes souvenirs et pièces diverses  pour les sauver de la destruction et de l’oubli. Ces collections forment le cœur de la collection du Musée des Spahis et ont pu s’enrichir ces dernières années grâce à des dons et acquisitions.


Le musée présente dans une salle des uniformes, des fanions, des éléments de harnachements, des tougs, ainsi que des armes. Dans une autre, figurent d’autres tenues, des souvenirs personnels et divers documents, photographies, gravures, dessins et tableaux qui retracent l’histoire des Spahis.