PRÉSENCES FRANÇAISES EN ALGÉRIE


Le gardien du Musée de Djemila

Création le 19 mars 2013

"Les populations historiques du nord de l'Afrique connurent très tôt leurs sites archéologique et leurs édifices puniques, grecs, romains, arabo-islamiques, ottomans. Entre 1830 et 1962, les travaux de la communauté scientifique française eurent le mérite de les ressusciter, et d'écrire les pages nord africaines d'une histoire partagée du bassin méditerranéen."

C'est ainsi que débute le chapitre XIV  du tome II du monumental ouvrage de l'Académie des Sciences d'Outre-mer :


 "PRÉSENCES FRANCAISES OUTRE-MER" consacré à la protohistoire et préhistoire en Algérie, un pays magnifiquement doté d'un patrimoine que lui ont laissé les uns après les autres les colonisateurs successifs. La conquête de l'Algérie met militaires et ingénieurs à contribution : on voit des silex taillés, des mégalithes "gaulois" : on fait des rapports et/ou on met dans sa poche. Des antiquaires improvisés font des fouilles sauvages …

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 Au sujet du site d'Ain Hanech, voir un précédent article :
http://dakerscomerle.blogspot.fr/search/label/a%2018%20-%20ALG%C3%89RIE%20PR%C3%89HISTORIQUE
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Ce chapitre est tout naturellement précédé par un chapitre XIII qui consacre un long développement à l'Algérie. L'archéologie était le dernier des soucis du deylicat d'Alger, mais les Européens, dans le cadre de leurs voyages en "Berbér!e" ne pouvaient que constater l'existence de monuments particulièrement bien conservés naturellement, à la différence des autres parties du monde romain. La conquête de l'Algérie en 1830 éveillera de nombreuses vocations d'arabisants, y compris tous ceux qui voulaient retrouver les traces de la chrétienté.

Stimulé par l'exemple de Napoléon Bonaparte ( cohorte de 167 savants, ingénieurs et artistes en Egypte ), Louis Philippe crée en 1837 une commission ayant pour mission " de rechercher et de réunir tout ce qui pouvait intéresser les sciences et les arts" afin de réaliser "L'Exploration scientifique de l'Algérie". La Bibliothèque Nationale et le Musée d'Alger sont fondés en 1838. Nombre de sociétés savantes font un excellent travail. Les militaires font de même.




"L'exemple venait de haut : le Général de Saint-Arnaud traversant l'Aurès en 1849 à la tête d'un détachement de 1 200 hommes et se frayant un chemin dans le défilé de Tighanimine, tomba en arrêt devant une inscription de la VI ème Légion Ferrata datée de l'année 145 qui célébrait les travaux routiers qu'elle venait d'y effectuer. Stupéfait de cette découverte, le général racontant cet épisode à son frère dans une lettre célèbre, lui avouait que, croyant être le premier à emprunter cette voie,  il était resté "sot" face à cette découverte."

En 1880 s'ouvrait le chantier de Timgad, riche de surprises et d'avenir. Puis débute tout un chapelet de fouilles : Lambèse ( 1883 ) ; Cherchell ( 1886 ) ; Tébessa ( 1888 ) ; Tipasa ( 1891 ) ; Khamissa ( 1900 ) ; Announa ( 1903 ) ; Mdaourouch ( 1905 ) ; Djemila ( 1909 ) etc.




               Arc de Triomphe de Timgad - voie unique

 
Il faut y ajouter les basiliques chrétiennes, avant que l'Algérie ne soit envahie par les "Mahométans", ou bien les "échelles" ( escales maritimes ) carthaginoises tous les 40 kilomètres. À Hippone ( Bone ), résidence  des rois de Numidie, plus de 25 hectares sur les 60 que couvraient approximativement la ville antique ont été achetés par le Gouvernement Général. Il faut avoir admiré le très beau livre "Fossatum Africae" publié en 1949, plein de photos de la ligne de défense fortifiée, qu'une population d'agriculteurs sédentaires était chargée d'entretenir et de garder contre les rezzous des Nomades.

Par notre expérience, nous savons que partout où on fouille dans la région de Sétif, on trouve des traces de l'habitation romaine : stèles, tuiles, puits ...

Ce chapitre, qui contient une multitude de références d'auteurs et d'ouvrage se termine ainsi :

"Les opérations militaires de la période 1955-1962, suivies de l'indépendance de l'Algérie ont mis un terme aux grands travaux et aux prospections sur le terrain. Le désir en soi légitime d'une certaine élite algérienne de faire revivre son passé islamique a entraîné un rejet de tout ce qui rappelait les civilisations antérieures à l'Islam. Plus récemment,  la montée de l'intégrisme musulman a renforcé cette tendance …
… Par ailleurs, un accord culturel franco-algérien a été signé en 1972, mais jamais mis en vigueur. Toutefois, à partir de 2001, des initiatives privées ont pu relancer modestement prospection et recherches désormais réservées aux Algériens … Des chercheurs de nationalité algérienne, jeunes enseignants, particuliers passionnés par leurs découvertes originaires des milieux les plus divers se sont mis récemment à prospecter la campagne humide. Leur apport scientifique est très encourageant … Toutes ces trouvailles témoignent de la richesse des vestiges que recèle cette terre algérienne. Elles ne sont malheureusement pas encouragées par les responsables algériens.
"





C'est au théâtre de Guelma qu'un jeune garçon nous a abordé spontanément pour nous dire : "Nous ne connaissons pas l'histoire de notre pays"