UN REVE ALGERIEN



Création le 7 décembre 2012

Tarik Ghezali. Ce centralien est un tribun infatigable. Il s'affiche 100% français et 100 % algérien, soit 200% de dynamisme ( auxquels nous ajouterions un petit chouia de kabyle, si les Arabes nous le pardonnent ). Mille comme lui suffiront pour révolutionner l'Algérie, en tout bien tout honneur.

Il a fait un livre "Un rêve algérien, chronique d'un changement attendu". Ce livre aurait pu aussi bien s'appeler " Debout les Algériennes, debout les Algériens !" Le ton est nouveau. Il se fait préfacer à titre posthume par le Président Mohamed Boudiaf, quelques jours avant son assassinat. Puis il commence son livre "à la recherche de la carte perdue", drôlement la carte des rues d'Alger, introuvable jusqu'il y a peu !

Cela nous rappelle une anecdote sur Aden, capitale du Yemen ( du sud ), ex-république "démocratique et populaire",  qui ne possédait pas de carte de ses rues ( secret ! ). Pour les besoins de notre Société pétrolière, nous avions entrepris un relevé vite fait de ses artères principales, ceci en voiture, et nous nous étions aperçu qu'une voiture banalisée nous suivait. Dès que nous nous arrêtions pour crayonner les données, la voiture suiveuse faisait de même et ses occupants s'affairaient sous le capot en attendant notre redémarrage. En bon tintinophile, nous avons fait durer le plaisir n fois, jusqu'à épuisement de nos amis automobilistes.

Tarik Ghezali est ingénieur, il aurait pu être psy : il dresse un profil de l'homo algerianus avec ses qualités et ses défauts, un peuple à la fois vieux et jeune qui va entrer dans l'âge adulte.  Il se pose la question : de quoi l'algérien est-il le nom ? Des Phéniciens aux Romains, des Turcs aux Français, des Berbères aux Arabes, le métissage est dans l'ADN national. Point barre. Ajoutée aux hydrocarbures, cette richesse donne aux Algériens un potentiel auquel ils ne croient guère. Intraduisible en français, la hogra ( on fait payer à un autre ce qu'on subit par ailleurs … ) attise la violence et ne l'apaise pas. Le paroxysme a été atteint dans les années 90.

Quelle est l'origine profonde de cette hogra ? Nous nous le sommes demandé également. Le climat, la poussière, les ondes telluriques, la nourriture, le mauvais œil ?

Comment la soigner ? Tarik Ghezali voit des remèdes : vulgariser la culture ancienne et nouvelle, ne pas sombrer dans le matérialisme "moderne" et éviter une démocratie de façade. Car cela donne des jeunes femmes voilée, accrochées à leur portable, des hommes maltraitant leur épouse, et surtout un peuple perdu dans un total brouillage des repères, meilleur terreau des extrêmismes. Et si l'art de vivre méditerranéen existe, pourquoi pas en Algérie ?

Deuxième tableau : contact avec les études supérieures en France. Première question : le système élitiste français est-il le meilleur ? Pourquoi accueille-t-il si peu d'Algériens ? Evidemment, son livre foisonne de réponses, à base de lucidité. On sent qu'il a très envie d'appuyer sur la touche "Reset". Mais pour faire l'Union des Méditerranéens, il faut des sociétés civiles compatibles, c'est à dire qui se connaissent et s'apprécient, et cela en quantité suffisante.

Tarik Ghezali lorgne vers le Brésil, modèle de l'Algérie nouvelle ? Mais il faudrait alors ne pas conduire le nez dans le guidon et les yeux dans le rétroviseur. Quand les Algériens auront compris que l'Avenir est devant et non derrière, la caravane passera à une allure de TGV, laissant les chiens bouche bée. Il faudrait que vous puissiez encourager Tarik … parce qu'il le vaut bien. Bon sang, mais c'est bien vrai, l'entreprise au lieu de la rente, l'accueil des touristes ( un formidable réservoir d'Anciens d'Algérie encore vivants et leur descendance, voire certains paysages beaux "comme l'Apollon de Bellac" ! ). Quant aux femmes, qui forment quand même la moitié du peuple algérien, sans elles rien n'est possible.

Le mot de la fin du "rêve algérien" :
… À l'heure d'une crise mondiale sans précédent, d'un printemps arabe historique, d'un statu quo algérien intenable ( plus de 10 000 manifestations, émeutes et autres révoltes sociales rien qu'en 2010 ), ce qui est farfelu et fantaisiste, c'est de penser qu'on va pouvoir continuer comme avant ou presque. Ce qui est réaliste et pragmatique, c'est bien de vouloir changer les choses en profondeur …

Le philosophe Gaston Bachelard a dit que "l'attente d'un plaisir est un plaisir plus grand que le plaisir lui-même." Nous attendons avec plaisir que le peuple algérien exauce le rêve de Tarik Ghezali.