LYAUTEY L'ALGERIEN


 Pour la video cliquer sur le lien ci-dessous

http://www.youtube.com/watch?v=bC6P3QuuGxA&feature=youtu.be

Modification 2 : 22 octobre 2013  - Photos du journal "L'illustration"

Qui ne connaît Scipion l'Africain, et pourtant Scipion n'était pas africain.

Hubert Lyautey serait plus connu sous le surnom de Marocain, mais, après plusieurs stages dans des régiments de cavalerie, c'est en Algérie qu'il a fait ses premières armes, si l'on peut dire, en tant que lieutenant de Cavalerie au 2 ème Hussard à Orléansville, de 1880 à 1882. C'est souvent dans  son premier emploi professionnel qu'un homme révèle sa véritable personnalité, au contact des réalités. En l'espèce, il s'agissait des réalités algériennes qui reviendront dans les feux de l'actualité un demi-siècle plus tard.

15 mars 1897. Un article anonyme parait dans la très respectable Revue des Deux Mondes : Quinze pages sur "Du rôle social de l'officier dans le service universel". Dans un mois, le capitaine Dreyfus sera exilé au bagne de l'île du Diable, après une dégradation grand guignolesque et un procès truqué. Un an plus tard, Dreyfus sera réhabilité, grâce  en particulier au tintamarre de Zola ( "J'accuse" ) ! C'est dire si l'armée française est dans le collimateur, même si elle fait l'objet d'un culte national !

Cet article n'est tendre, ni pour les sous-officiers, ni pour les officiers subalternes, ( sauf une forte minorité ) mais bizarrement rien sur les officiers généraux. En fait le Directeur de la Revue des Deux Mondes, pour en accepter la publication,  a fait mettre la pédale douce, très douce, sur les grands maîtres de la "caste" militaire. L'article fait grand bruit, suscite les passions, le plus souvent positives. N'empêche, le capitaine Lyautey sort de l'anonymat,  il se fait même "engueuler" par le Ministre de la Guerre en personne, explication orageuse mais sans suite : en fait cet article n'est pas un plaidoyer en faveur d'une sorte d'association humanitaire, ( " il ne s'agit, est-il besoin de le dire, de rien de semblable" ) mais, entre les lignes, un véritable brûlot sur les capacités du commandement à gérer le service militaire obligatoire, qui vient d'être mis en œuvre, et que Lyautey qualifie de révolutionnaire.

Ce brûlot aurait pu avoir comme titre "Le rôle civique de l'officier en temps de paix". C'est là tout le programme stratégique de Lyautey, qu'il appliquera avec le plus grand succès au Maroc, en tant que Résident Général. Cette prise de position lui vaudra d'ailleurs beaucoup de faux amis et autant de vrais ennemis.

Depuis ce temps-là, quoiqu'on puisse dire, l'armée française a perdu quatre guerres ( au plan stratégique s'entend ), deux européennes, et deux coloniales ; et la suppression ( nécessaire ) du service militaire, non remplacé par un service civique ( indispensable ) n'est peut-être pas la meilleure façon d'éviter la cinquième.

Pour égayer notre recension qui pourrait paraître quelque peu trop sérieuse, nous l'accompagnerons d'illustrations de "l'album militaire inédit et en couleurs" d'Albert Guillaume : "Mes Campagnes - Mes 28 jours - Mon sursis", paru aux éditions Simonis Empis à la même époque, et dont le premier volet a été préfacé de manière élogieuse par Georges Courteline - lui aussi spécialisé dans les comiques troupiers - qui n'hésite pas à se confier " Le préfacier est un oiseau dont le ramage me porte sur les nerfs … Votre ( histoire )  est du plus haut comique : vous pouvez y aller hardiment. À vous la parole, cher ami."

******************************

Pour meubler le livre, voici une très intéressante introduction par Alain Larcan, Professeur émérite à l'Université Henri Poincaré de Nancy, etc. qui met en lumière le CV de Lyautey, et environne ce fameux article de toutes sortes de considérations fort utiles pour replacer la pensée de Lyautey dans le contexte de la société civile française d'alors. Il termine sur cette citation du général de Gaulle : "En vérité, le maréchal Lyautey n' a pas fini de servir la France".

Pour autant, tout cela est oublié par nos chères petites têtes blondes et brunes. Peut-être est-ce le moment de le remettre au goût du jour.

En résumé : La mise à disposition de la jeunesse de la société civile donne aux cadres militaires ( le corps des 20 000 officiers français ) des devoirs en temps de paix.

1 - l'officier connaît trop peu ses hommes
"nombre de jeunes officiers qui se piquent ( et en cela il faut grandement les louer ) de connaître à fond les trente cinq chevaux dont ils ont la direction … mais semblent tout fiers d'ajouter ensuite : quant à mes hommes, je ne peux pas retenir leurs noms, c'est un genre de mémoire qui me manque ".

Cela fait penser à la chanson de Jacques Brel :

Je m'appelle Zangra et déjà capitaine
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la jeune Consuelo
Mais elle parle d'amour et moi de mes chevaux.


2 - l'officier doit être un arbitre entre le sous-officier et l'homme de base
Les sous-officier sont investis d'une autorité règlementaire plus grande que partout ailleurs, et l'officier est  trop disposé à accepter leur verdict sans contrôle.

3 - La prise morale de la troupe est devenue une nécessité moderne
"De l'espacement croissant des guerres, il résulte que lors de la prochaine lutte, tout soldat verra le feu pour la première fois. Et quel feu ! Le feu le plus meurtrier lancé d'une distance inconnue par une main invisible - la guerre la plus terrible sans aguerrissement préparatoire."

4 - Ne pas traiter de décadence ce qui est évolution
"Nous autres anciens, nous sommes mal disposés à juger la nouvelle armée avec équité … Si les anciens sont il y a trente ans entrés au service, c'était pour batailler ; le reste c'est de la littérature." L'homme de troupe qu'on présente aux élèves des écoles d'officier est un automate. "Aux officiers de demain, dites que, s'ils ont placé leur idéal dans une carrière de guerres et d'aventures, ce n'est pas chez nous qu'il faut le poursuivre."

Et Lyautey termine ainsi :
" Comme une barre à l'embouchure d'un grand fleuve, le service militaire se dresse désormais devant toute la jeunesse à l'entrée de la vie. Sera-t-il un péril où risqueront de sombrer son corps, son cœur et son esprit, ou sera-t-il l'épreuve fortifiante dont il sortira mieux trempé ? Toute la question est là."

Ce petit livre pas cher est à faire méditer par tous les officiers et par leur ministre.


En 1908, Lyautey est général de division et obtient le commandement de la division d'Oran, à la frontière du Maroc.


Général Lyautey


À Colomb-Béchar


 Oasis de Tiout

Beni-Abbès

Photos extraites du tirage hors série du journal "L'illustration" - août 1934



************************

Et voici en prime :








Comprenne qui pourra !

 ****************************************

L'Association Nationale Maréchal Lyautey communique :

En 1980, le château du Maréchal Lyautey (1854-1934) à Thorey-Lyautey est mis en vente par la famille héritière de son neveu qui avait été son légataire universel. Tout son contenu, resté en place depuis 1934, est mis aux enchères. La Fondation Lyautey n’a pas malheureusement pas les moyens de réagir.

Alors, dans l’urgence, l’Association Nationale Maréchal Lyautey voit le jour. Elle rassemble rapidement de nombreux “ami(e)s” du Maréchal. Une dynamique se crée et le “miracle” Lyautey va se produire. Grâce à leurs dons, la Fondation Lyautey, reconnue d’utilité publique depuis 1937, reprend pied. Crédible, elle obtient des prêts en complément pour sauver tout le patrimoine Lyautey dont elle devient propriétaire pour un
total de 4 MF. Les travaux de restauration menés ensuite de 1985 à 1995 s’élèvent à 10 MF.

Aujourd’hui, l’Association Nationale Maréchal Lyautey rassemble dans l’action ceux qui soutiennent par leurs dons la Fondation Lyautey qui, elle-même, assume les lourdes charges d’entretien du château ouvert au public et maintenant labellisé « Maisons des Illustres ». Ces deux structures complémentaires continuent de mettre en oeuvre de concert ce plan
d’action initial :
"SAUVER, RESTAURER, ENTRETENIR, ANIMER le château de THOREY-LYAUTEY et entreprendre toute action destinée à faire connaître la vie et l'œuvre du Maréchal Lyautey, à PERPÉTUER son souvenir et à TRANSMETTRE son message. “

Les dons libellés à l’ordre de la Fondation Lyautey et adressés à BP 13851 - 54019 Nancy Cedex seront les bienvenus. C’est une question de survie pour l’œuvre entreprise. Ils bénéficient de la réduction fiscale, actuellement de 66 %.



AVIS DE RECHERCHE

Une statue de Lyautey avait été érigée sur une place d'Oran, en souvenir de sa présence en garnison lors de son premier séjour en Algérie.

Lors de l'indépendance, en 1962, cette place a été rebaptisée Place de Port Saïd. Mais la statue a disparu.




Qui saurait dire précisément ce qu'est devenue cette statue ? Collectionneur privé, musée, destruction ? Notre article sera ouvert à la première personne qui donnera la bonne réponse. Oranaises, Oranais, votre participation est souhaitée.