"Ma" guerre d'Algérie
Création : 3 octobre 2012
"Il ne faut jamais craindre de rendre justice à un ennemi : c'est toujours honorable, et quelquefois habile "
( Napoléon Bonaparte )
Bien entendu il s'agit du livre "Ma guerre d'Algérie" de Abdelhafidh Yaha paru aux éditions Riveneuve, dont nous faisons ci-dessous la recension :
La Guerilla est une déesse qui exige sur son autel des sacrifices humains. Avec sa copine, la Contre-guerilla, elles n'hésitent pas à dépeupler un pays du meilleur de ses enfants. Abdelhafidh en a fait sa religion, en pensant que c'était la seule voie possible. C'était sa responsabilité.
Le problème de l'Algérie était simple : comment remplacer un État de non droit par un État de droit ?
La solution était réellement complexe, car il fallait obtenir la bonne volonté et la coopération de toutes les parties.
Ce livre aurait pu aussi s'appeler "Grandeur et Servitude du Maquis". Il faut une sérieuse dose de courage, d'abnégation, de charisme, d'audace - permanente et parfois inouïe - pour assumer la solitude d'un chef de maquis pendant toutes ces années de combat, et ne pas y perdre son âme.
Pour ce qui est de l'évocation de son propre "journal de marche", elle est tout à fait digne de foi. On y apprend l'importance d'une bonne organisation des refuges, la nécessité de garder un contact permanent avec la population et les autres entités du maquis, la minutie de la préparation des embuscades. Abdelhafidh Yaha raconte même comment il a réussi à persuader Amirouche - une démarche à très haut risque - de ne plus faire "liquider" les meilleurs cadres de sa Wilaya, lors d'un abcès d'espionite de son état-major. Ce livre est aussi un mémorial de ses dizaines de compagnons, hommes ou femmes, vivants ou morts, qui, sans lui, seraient tombés dans l'oubli.
En revanche, pour des faits dont il se fait l'écho, nous sommes plus réservé. Hors toute polémique, prenons trois exemples :
- Dans l'affaire "Si Cherif", nous disposons d'une version totalement contraire, et qui nous a été donnée par un des acteurs principaux.
- Au sujet de Melouza, ce village messaliste n'a pas été "attaqué" par le FLN, mais "liquidé" ( avec, pour bien faire, des pelles et des pioches volées sur un chantier de piste d'une SAS voisine ).
- Enfin, en ce qui concerne le devenir des Harkis, c'est à l'honneur d'Abdelhafidh Yaha d'avoir tenté de les faire échapper à la vindicte "démocratique et populaire", en organisant des camps de regroupement ( de prisonniers ? ), mais il est de notoriété publique que ce ne sont pas des milliers, mais des dizaines de milliers de Harkis, et d'Algériens pro-français, qui ont été torturés puis assassinés, contrairement à ce qu'a signé Belkacem Krim à Évian :
CHAPITRE II
DE L'INDÉPENDANCE ET DE LA COOPÉRATION
ARTICLE II -
Des droits et libertés des personnes et de leurs garanties
Dispositions communes
Nul ne pourra faire l'objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d'une discrimination quelconque en raison :
- d'opinions émises à l'occasion des événements survenus en Algérie avant le jour du scrutin d'autodétermination ;
- d'actes commis à l'occasion des mêmes événements avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu.
- Aucun Algérien ne pourra être contraint de quitter le territoire algérien ni empêché d'en sortir.
Mais las ! Les hydrocarbures ont remplacé les Pieds noirs, le "colonialisme intérieur" a remplacé le "colonialisme extérieur"; et Abdelhafidh Yaha a gagné .. 24 ans d'exil. C'est la vie !
Lorsque, en conclusion de son livre, Abdelhafidh Yaha écrit "Je pense qu'il est temps d'en finir avec ces guerres de mémoire qui gangrènent les relations algéro-françaises", nous partageons totalement son point de vue. De même quand il évoque l'urgence que l'Algérie et le Maroc retrouvent des relations pacifiées, saines et fraternelles. Comme l'a dit Nelson Mandela, "Aucun de nous, en agissant seul, ne peut attendre de succès". Abdelhafidh Yaha, si tu nous lis ...