LA CRISTALLISATION


Commentaires de l'Association des Anciens des Affaires Algériennes sur les réponses des différents candidats à ses questions, notamment sur la "décristallisation".


Réponse du candidat Jacques Chirac
Modification 1 : le 28 mars 2013

D'après les termes énoncés sur Wikipedia :

La "cristallisation des pensions" est l'expression consacrée par l'État français à partir de 1960 pour évoquer le blocage des pensions de retraites des anciens combattants des ex-colonies françaises. Le système de cristallisation fixait le montant des pensions à celui perçu au moment de l'indépendance de chaque colonie.

D'après le GISTI ( Groupe d'information et de soutien des immigrés ) la cristallisation fonctionne selon trois modèles : La pension de retraite des fonctionnaires ayant effectué une carrière dans l’administration ( civile ou militaire ) d’un minimum de quinze ans. 53 500 pensions de ce type sont versées par l’Etat français, dont 17 700 à d’anciens fonctionnaires ou militaires marocains et 9 300 à des Algériens. Sur une base de 100 euros touchés chaque mois par un Français, un Marocain perçoit 12 euros et un Algérien 15,5 euros.


La pension militaire d’invalidité servie aux militaires souffrant d’infirmités « causées par ou durant leur service dans l’armée ». Environ 8 000 Marocains et 11 000 Algériens en bénéficient. Le montant de la pension dépend du taux d’invalidité, mais à titre d’exemple, dans le cas d’une invalidité à 100%, un français touche mensuellement 690 euros tandis qu’un Marocain touche 61 euros et un Algérien 57 euros.

La retraite du combattant ( annuelle ) est versée ( surtout symboliquement en gage de la reconnaissance de la nation ) à tout individu ayant combattu sous le drapeau français. Le GISTI ajoute que son « montant même à taux plein est des plus modiques : 420 euros par an ( soit 578 euros en 2010 ). » 17 000 Marocains et 14 000 Algériens en bénéficient. Du fait même de la « cristallisation » un Algérien touche chaque année 56,4 euros et un Marocain seulement 48,5 euros.

 

On peut voir dans cette mesure de "cristallisation", le fait de tirer les conséquences de la fin du système colonial, avec un mélange entre les droits et les devoirs des nationaux des nouveaux pays indépendants, et la dette personnelle que les Français ont envers ceux qui ont risqué leur vie pour eux. C'est une bonne affaire pour le contribuable français, mais une mauvaise action pour le citoyen. Les membres successifs du Conseil Constitutionnel et les Présidents successifs de la République se sont gardés d'en prendre acte.
 

En fin de son deuxième mandat, le Président Chirac, "ému" par le film "Indigènes"et l'excellente interprétation de Djamel Debbouze, - sinon "ému" par le remord de ne pas avoir tenu sa promesse - a ouvert un peu les vannes, laissant à son successeur le soin de dégager les recettes correspondantes. En 2010, c'est à l'honneur des membres actuels du Conseil Constitutionnel et du Président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy, d'avoir voulu rétablir une justice relative. 

Mais viendrait-il à l'idée des Français de verser des pensions aux anciens combattants américains, anglais, etc ... qui sont venus combattre avec nous et chez nous ? Mieux, lors des accessions à leur indépendance, les États concernés n'ont pas eu, non plus, ce respect envers leurs valeureux citoyens.
 
Ceci est la grande Histoire, mais il y a aussi la petite histoire qui n'est pas triste.

 
Pourquoi un tel article dans une rubrique consacrée à l'Algérie ? Parce que l'Algérie n'était pas une colonie mais faisait partie de la France, les Algériens étant "Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs". Cette affaire des pensions a bien entendu été oubliée par les deux délégations dans le cadre des pourparlers d'Evian.

 
Le 5 mars 1995, à l'occasion de la campagne de l'élection présidentielle, comme il est d'usage d'envoyer aux divers candidats une lettre leur demandant de préciser leur programme, l'Association des Anciens des Affaires Algérienne avait envoyé à tous les candidats, sans exception, une lettre comprenant en particulier le paragraphe suivant :

"Cristallisation des pensions versées au titre d'anciens combattants À la date où chaque territoire français a cessé de l'être, toutes les pensions militaires ont été bloquées en francs courants. En raison de l'inflation, ces pensions sont maintenant absolument dérisoires. Ce serait justice que le régime actuellement appliqué aux anciens légionnaires habitant en pays étranger soit adapté aux anciens militaires ou supplétifs de l'Armée française qui vivent dans ces pays. De plus les blessés ( invalides ) et veuves devraient avoir le droit de se faire soigner gratuitement dans les hôpitaux français. Nous rappelons simplement que c'est ce qui est actuellement pratiqué par l'Allemagne pour ses "laissés pour compte" étrangers de la guerre 1939-1945."

En tête de cet article, vous avez :

- la réponse du candidat élu ;
- les commentaires de l'association sur les réponses des autres candidats.

Ce que l'association n'a pas souligné, par courtoisie, c'est l'absence de réponse du candidat du parti socialiste. Etait-ce un simple oubli ? Que nenni. En effet, par l'intermédiaire d'un ami, membre de l'état-major de campagne du dit parti, nous avions insisté plusieurs fois, et à chaque fois, à son grand désespoir, la "réponse" a été négative.

Voyons la réponse du candidat Jacques Chirac.

D'abord elle n'est pas datée. A-t-elle même été lue par son signataire ? Le rédacteur du bulletin de l'association ajoute en bas de page : "Nous avions bien entendu, dès l'élection, demandé au Président de la République s'il confirmait en tant que Président les promesses faites en tant que candidat. Las ! En quatre mois de dossiers perdus, etc., nous avons eu affaire à un ballet téléphonique de secrétaires, aussi charmant que possible, mais de responsable point. Soucieux de ne pas retarder outre mesure la parution de ce bulletin, nous gardons l'espérance que dans les 6 ans et 8 mois restants du septennat, la machine de l'Elysée se mettra un jour à fonctionner à notre intention."

Devineriez-vous ce qui s'est passé ? Rien. Pourquoi ?


Si en France l'affranchissement d'un courrier à l'attention du Président de la République est gratuit, il ne faut pas croire que ledit courrier est lu par le destinataire. Il est transféré à un service de police qui se fera un plaisir de poursuivre les auteurs en cas de lettres menaçantes ou insultantes. Quant au petit reliquat, il est envoyé à un secrétariat qui dispose de lettres-types du genre :

Votre courrier du .... est bien parvenu à la Présidence de la République.
Je vous informe qu'il en a bien été pris connaissance.

ou bien :

Le Président de la République a bien reçu le courrier que vous avez souhaité lui adresser et m'a confié le soin de vous répondre. 
Soyez certain(e) qu'il a été pris connaissance avec attention de votre démarche et de vos réflexions.

Mais au moins ces lettres sont affranchies ... car dans le cas contraire, vous devriez payer une surtaxe au facteur - ou alors refuser la lettre !