VOUS AVEZ DIT SAS

 
 Création le 9 décembre 2009

Modification 1 : 28 mars 2013

Modification 2 : 23 mars 2017 : introduction à la suite de la saga.

Voici quelques appréciations de "spécialistes" sur les SAS ("Sections Administratives Spécialisées"), appelées SAU ("Sections Administratives Urbaines") dans les villes, mises à la disposition des sous-préfets par le Service Central des Affaires Algériennes (lui-même puisant dans un vivier de "volontaires" de l'armée française et de volontaires civils) pendant la guerre d'Algérie. Ce florilège n'est pas exhaustif.
 

Citations attribuées au général de GAULLE, Président de la République française :
• Au sujet des officiers SAS : "On ne peut pas avoir une mitraillette d'une main et un biberon de l'autre"
• Au sujet des moghaznis : "Des soldats de pacotille montant la garde à la porte des casernes"

Les "intellectuels" de gauche aiment parler de "Sections Administratives Spéciales", comme un petit relent de "forces spéciales".

Louis JOXE :

 
"Très secret - Priorité absolue
Ministre État chargé des Affaires Algériennes à
Haut commissaire de la République en Algérie - Rocher Noir
Suite notre 215/Z de ce jour

 
Les renseignements qui me parviennent sur les rapatriements prématurés de supplétifs indiquent l'existence de véritables réseaux tissés sur l'Algérie et la métropole dont la partie algérienne a souvent pour origine un chef de SAS. Je vous envoie au fur et à mesure la documentation que je reçois à ce sujet. Vous voudrez bien faire rechercher tant dans l'armée que dans l'administration les promoteurs et les complices de ces entreprises et faire prendre les sanctions appropriées.

 
Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie où ils devront rejoindre, avant qu'il soit statué sur leur destination définitive, le personnel déjà regroupé suivant les directives des 7 et 11 avril. Je n'ignore pas que ce renvoi peut être interprété par les propagandistes de la sédition comme un refus d'assurer l'avenir de ceux qui nous sont demeurés fidèles. Il conviendra donc d'éviter de donner la moindre publicité à cette mesure, mais ce qu'il faut surtout obtenir, c'est que le gouvernement ne soit plus amené à prendre une telle décision.
Signé : Louis Joxe"


2017 - 55 ans plu tard, nous attendons toujours la sanction du gouvernement français (non pour diffamation envers les chefs de SAS, mais contre ces hommes qui ont été de vrais patriotes).

Même son de cloche de la part de Pierre MESSMER, qui a refusé la proposition d'Alain Peyrefitte de nous mettre en contact !

Alain PEYREFITTE, porte-parole du gouvernement français (Livre : C'était de Gaulle) :

 
"Au conseil du 13 juin 1962, Robert Boulin annonce : "Les départs s'accélèrent. Parmi eux augmente la proportion des vrais rapatriés, des pauvres gens qui ont tout abandonné et qui n'ont pas l'intention de revenir. Un reflux massif n'est pas à exclure. Un programme d'urgence est mis au point avec le secours de l'armée. On envisage même un droit de réquisition exorbitant.
Pisani - Des musulmans, y en a-t-il ?
Boulin - Très peu, c'est insignifiant.
Messmer - On compte au total à l'heure actuelle environ 1100 harkis et 300 moghaznis qui ont manifesté le désir de venir en France, soit moins de 1500, plus leurs familles. Ils sont dirigés vers le Larzac. Ils seront occupés sur des chantiers forestiers. Il faut les adapter progressivement à un mode de vie totalement différent."

(L'affaire était tellement grosse que nous avons demandé personnellement à Alain Peyrefitte de nous préciser que c'étaient bien les paroles - ni plus ni moins - qui avaient été échangées, ce qu'il a nous confirmé très volontiers).

Le film "La guerre d'Algérie" de Peter Batty Production, en commentaire "off" des images du documentaire de propagande français "Képi bleu" :

 
"Jacques Soustelle poussa à la création des "Sections administratives spéciales" (!!) pour ébranler l'état de rapports entre les deux communautés. Recrutés principalement dans l'armée, les "Képis bleus" étaient plus de 400, lieutenants et capitaines, possédant chacun une ou plusieurs langues indigènes, plus diplomates que tacticiens. Leur tâche : montrer les bons côtés de l'autorité française ; leur méthode : rencontrer les gens, recevoir leurs doléances et y apporter remède. En fait, des assistants sociaux.

 
Les SAS furent un succès indéniable, une des rares lueurs dans cette guerre chaque jour plus sombre, admirés par la plupart des indigènes, parfois même aimés, redoutés par le FLN pour leur sens politique. Les pertes furent élevées dans leurs rangs."

Ferhat ABBAS, Président du Gouvernement provisoire de la République Algérienne :

"Pour contrecarrer l'OPA, le régime eut recours aux SAS (Sections d'Action Sociale) et à l'initiative de quelques personnalités qui tentèrent de créer des "régions pilotes". A la vérité, les SAS et d'une manière générale la soit-disant "défense des populations rurales", leur promotion sociale par l'école, par l'hygiène et par une meilleure alimentation, aurait été une excellente entreprise, si ça n'avait été, en fait, une nouvelle forme de guerre. Pourquoi avoir attendu l'insurrection pour l'entreprendre ?

 
Si elle avait été conçue en 1900, au moment où Jules Ferry accordait à l'Algérie des colons son autonomie financière, cette œuvre de promotion humaine aurait pu sauver "l'Indigène" de la misère et de l'ignorance. Elle lui aurait démontré, dans les faits, que la France voulait effectivement son évolution et son bien. A défaut de 1900, deux autres dates auraient pu servir de point de départ à une politique sociale en profondeur : celle de la victoire en 1918 et celle des fêtes du centenaire en 1930. En 1957, les SAS agissaient avec un demi-siècle de retard et en pleine insurrection."

"Dans les SAS, d'autres officiers se sont appliqués à défendre honnêtement les populations placées sous leur autorité. Des instituteurs ont enseigné, des médecins ont soigné. Cette "résurrection" des "bureaux arabes" relevait, pour le moins de la non-violence."

Pierre DARMON (Un siècle de passions algériennes - Fayard - 2009)
"Le gant de velours, c'est l'œuvre des SAS, Sections Administratives Spécialisées, mises en place par Jacques Soustelle dans le cadre de la politique d'ouverture préconisée par Pierre Mendes France. Ces organismes, entièrement créés et contrôlés par les militaires, ressuscitent les Bureaux Arabes et prennent en charge l'administration, la scolarisation et la couverture sanitaire des populations algériennes. Le succès de l'opération inflige un camouflet à l'administration civile en soulignant la nullité de son action. Les SAS jouiront d'une réelle popularité parmi les musulmans, au grand dam du FLN."

Hélie DE NOIX DE SAINT-MARC : Dans les SAS, il y a eu le meilleur et le pire. 

Nous avions pris contact pour le rencontrer à Lyon, pour qu'il nous donne son point de vue personnel sur le "meilleur" et le "pire". Las ! Il s'est décommandé la veille de la rencontre, et nous n'en avons plus jamais entendu parler.

Un cinéaste connu : "Je vous voudrais faire un film sur les SAS". Puis après, plus rien.

Pour le moment, la meilleure note (connaissance du sujet) est attribuée à ... Ferhat Abbas.


Comme dans tous les conflits, il y a les bons et les méchants. En tant qu'ancien Secrétaire Général de l'Association des Anciens des Affaires Algériennes, nous avons eu l'opportunité de connaître nombre de dossiers, non accessibles aux "historiens". Nous nous efforcerons de faire une synthèse de cette saga dans un prochain article.