JANISSAIRE
Création le 4 décembre 2009
En 1846, Alexandre Dumas fait un voyage semi-officiel du Maroc jusqu'en Tunisie en passant par l'Algérie. Il en ramène des souvenirs dans son livre "Le Véloce", du nom de la corvette militaire mise à sa disposition. Sa plume est tour à tour affutée, drôle, caricaturale, vulgarisatrice, exotique, patriotique, à la limite raciste.
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En plus, il est éditeur de presse : Le Mousquetaire
HISTOIRE DE MA JEUNESSE
Chaque consul, ainsi que je l'ai dit plus haut, avait un janissaire préposé à sa garde ; celui du consul de France était Candiote : on l'avait surnommé la Terreur.
Toutes les fois que, dans les cafés, on annonçait quelque nouvelle défavorable à la France, il venait s'informer au consulat de la vérité du fait, et lorsque nous lui avions déclaré que les autres janissaires avaient propagé une nouvelle fausse, il allait les rejoindre, et là, le yatagan à la main, déclarait vouloir combattre en champ clos ceux qui soutiendraient encore l'exactitude de la nouvelle.
Comme ces menaces incessantes pouvaient le compromettre, car elles ne s'appuyaient que sur son courage de bête fauve, nous avions voulu le rendre habile dans le maniement des armes en lui donnant quelques leçons d'escrime ; mais il ne pouvait endurer l'idée que des chrétiens le touchassent à tout coup avec des fleurets ; alors il nous proposait de substituer au simulacre de duel un combat effectif avec le yatagan.
On se fera une idée exacte de cette nature brutale, lorsque je raconterai qu'un jour, ayant entendu un coup de pistolet dont le bruit partait de sa chambre, on accourut, et on le trouva baigné dans son sang ; il venait de se tirer une balle dans le bras pour se guérir d'une douleur rhumatismale.