RESPECTEZ MON PAVILLON

"Dieu a décidé que ceux qui seraient contre moi seraient punis" (Bonaparte à Mustapha Pacha)


Création le 20 novembre 2009

 Modification 1 : 27 mars 2013


À MUSTAPHA-PACHA, DEY D'ALGER
............ Malmaison, 29 messidor an X (18 juillet 1802)

Au très haut et très magnifique Dey d'Alger
Que Dieu le conserve en prospérité et en gloire !

 
Je vous écris cette lettre directement, parce que je sais qu'il y a de vos ministres qui vous trompent, et qui vous portent à vous conduire d'une manière qui pourrait vous attirer de grands malheurs. Cette lettre vous sera remise en main propre par un adjudant de mon palais*. Elle a pour but de vous demander prompte réparation, et telle que j'ai droit de l'attendre des sentiments que vous avez toujours montrés pour moi. 


 Un officier français a été battu dans la rade d'Alger par un de vos reis** ; l'agent de la République*** a demandé satisfaction et n'a pu l'obtenir. Deux bricks de guerre ont été pris par vos corsaires, qui les ont amenés à Alger et les ont retardés dans leur voyage. Un bâtiment napolitain a été pris par vos corsaires dans la rade d'Hyères, et par là ils ont violé le territoire français. Enfin, du vaisseau qui a échoué, cet hiver sur vos côtes, il me manque plus de 150 hommes, qui sont entre les mains des Barbares.  

Je vous demande réparation pour tous ces griefs, et, ne doutant pas que vous ne preniez toutes les mesures que je prendrais en pareille circonstance, j'envoie un bâtiment pour reconduire en France les 150 hommes qui me manquent. Je vous prie aussi de vous méfier de ceux de vos ministres qui sont ennemis de la France : vous ne pouvez pas avoir de plus grands ennemis ; et, si je désire vivre en paix avec vous, il ne vous est pas moins nécessaire de conserver cette bonne intelligence qui vient d'être rétablie **** et qui, seule, peut vous maintenir au rang et dans la prospérité où vous êtes : car Dieu a décidé que tous ceux qui seraient injustes envers moi seraient punis. 

Si vous voulez vivre en bonne amitié avec moi, il ne faut pas que vous me traitiez comme une puissance faible ; il faut que vous fassiez respecter mon pavillon, celui de la République italienne, où je commande, et que vous me donniez réparation de tous les outrages qui m'ont été faits. 

 Cette lettre n'étant pas à une autre fin, je vous prie de la lire avec attention, vous-même, et de me faire connaître, par le retour de l'officier que je vous envoie, ce que vous aurez jugé convenable de faire.

.................... Bonaparte

* Hulin
** capitaine de navire

*** Dubois-Thainville

**** Le traité entre la République et la Régence a été signé le 6 février 1802.


Heureusement la piraterie est maintenant (2013) absente de la Méditerranée (mais pas de l'Afrique). Pour vous familiariser avec les pratiques de l'époque, vous vous reporterez avantageusement au lien suivant, très documenté, de Mary Reed : LE CORSO BARBARESQUE :

http://knol.google.com/k/le-corso-barbaresque#