LA MOBILISATION, PAS LA GUERRE
Création le 7 novembre 2009
Modification 1 : 27 mars 2013
Lettre du Premier Consul au Contre-amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies.
Malmaison, 29 messidor an X (18 juillet 1802)
Les Régences d'Alger et de Tunis, citoyen ministre, n'ont pas pour le pavillon de la République ce profond respect et ces égards qu'il est dans mon intention qu'elles aient. J'envoie l'adjudant du palais Hulin, avec une lettre, au Dey* d'Alger. Je désire que trois vaisseaux de guerre et une frégate se rendent sur-le-champ devant Alger, pour se conduire suivant les circonstances. Ces vaisseaux sont ceux dont il est question dans l'arrêté que je vous ai envoyé il y a plusieurs jours.
Deux autres vaisseaux de guerre et deux frégates seront en rade de Toulon, prêts à partir à la fin de thermidor. Ce sont les vaisseaux dont vous avez déjà pris la note.
Cinq autres vaisseaux de guerre et deux frégates seront envoyés, sur le champ, de l'Océan dans la Méditerranée, d'où je désire qu'ils partent avant le 10 fructidor. S'ils ne peuvent partir à la fois, ils partiront en deux escadres. Ils se présenteront devant Alger assez de temps pour faire connaître que ce ne sont pas les mêmes vaisseaux qui se sont déjà présentés, et de là viendront à Toulon.
Par ce moyen, je compte que nous aurons dans la Méditerranée dix vaisseaux de guerre et cinq frégates, dans le courant de fructidor, prêts à agir selon les circonstances.
Un courrier vous portera, citoyen ministre, la lettre que j'écris au Dey d'Alger par l'occasion de l'adjudant du palais Hulin : vous ferez partir sur-le-champ ce courrier pour Toulon. Le citoyen Hulin partira avec les trois vaisseaux de guerre qui seront prêts à mettre à la voile pour Alger, ou bien il s'embarquera sur une frégate, en choisissant le moyen le plus expéditif.
D'autres escadres se rendent en Méditerranée, et, pour peu que le Dey ne se conduise pas d'une manière convenable, je saurai le mettre à la raison. Vous devez faire part de ces différentes choses à Thainville**, pour qu'il se conduise en conséquence. Faites connaître au citoyen Hulin qu'il doit remettre directement ma lettre au Dey dans une audience extraordinaire. Vous pouvez lui donner connaissance du contenu. Il doit lui dire que je désire vivre bien avec lui, mais que je n'ai jamais capitulé avec l'honneur, et que, s'il ne donne pas des ordres pour qu'on respecte mon pavillon, je suis capable d'aller moi-même à Alger. J'ai détruit les Mamelouks, parce qu'ils n'avaient pas donné satisfaction aux Français : malheur à qui, de gaieté de cœur, sera ennemi de la France !
Si jamais le Dey se conduisait avec violence (car l'on doit tout attendre d'un barbare), le citoyen Thainville, en s'en allant, en instruirait l'amiral***, qui a ordre de bloquer Alger.
Bonaparte
* Mustapha Pacha
** Dubois-Thainville
*** Leissegues
Quels étaient les termes de la lettre dont le citoyen Hulin était porteur ? Quelles étaient les raisons de cette mobilisation ?
La suite au prochain article.