CHARLES-FRANCOIS DUBOIS-THAINVILLE



 Création le 25 novembre 2009

Modification 1 : 27 mars 2013

Au sujet de Charles-François Dubois-Thainville :

En tant que chargé d'affaire auprès du dey d'Alger, la mission de Dubois-Thainville était délicate. En effet le dey n'avait pas forcément connaissance et pouvoir sur tout ce qui se passait en Barbarie (Algérie) :
- les janissaires formaient une caste qui entendait faire la loi dans les villes ;
- les tribus maghzen se chargeaient de faire la police dans le bled, et parfois à leur profit ;
- les corsaires ne voyaient pas d'un bon œil le dey augmenter le nombre de pavillons dont la prise de navires était interdite par traité. Or Bonaparte commandait déjà en Corse et en Italie, en attendant plus.
En revanche, depuis l'expédition d'Égypte, Bonaparte était redouté sur le plan militaire.

En renseignant précisément le dey, Dubois-Thainville s'est comporté en "ami", et a été traité comme tel.

Mr. Dubois-Thainville, chargé d'affaires à Alger au Dey Mustapha
Alger, ventôse an X (avril 1802)

Le vaisseau français Le Banel portant 200 marins, 529 militaires et 9 femmes, ayant à bord des munitions de guerre et de bouche, s'est perdu le 25 nivôse dernier (15 janvier) sur les côtes de Barbarie. Les rapports qui me sont parvenus sur cet évènement font frémir. Les habitants des contrées où le naufrage a eu lieu se sont portés aux attentats les plus inouïes ; ils ont employé les moyens les plus barbares pour s'opposer au salut des Français, ils ont brisé les embarcations, détruit les radeaux, coupé les cordes q'on été parvenu à attacher à terre; ils ont pillé, dispersé l'argent et une partie des effets qui se trouvaient sur le bâtiment. 


Les Français qui ont échappé à la fureur de la mer ont été dépouillé, mis nus par le froid le plus rigoureux, assassinées ou traînés impitoyablement dans les montagnes. Plus de 200 ont péri de la main des barbares, et leurs cadavres sont encore étendus sur le rivage et sur la route d'Oran. Plusieurs naufragés du nombre desquels se trouvent être trois femmes, le Comte Noyer, officier, et plusieurs mousses sont encore au pouvoir des Kabiles.

Les traités de la République avec la Régence et particulièrement celui de 1689, qui vient d'être renouvelé par son Excellence le Dey, portent que tout bâtiment français échouant sur les côtes d'Afrique recevra secours, protection et sûreté ; que les hommes, les effets et les marchandises seront respectés. Les naufragés étaient donc sous la sauvegarde des conventions les plus sacrées. 


Dans cette circonstance tout est devenu la proie des assassins, et les Français ont trouvé sur une terre amie la mort et l'esclavage les plus affreux. Un d'eux a, dit-on, embrassé la religion musulmane. L'article 19 du traité de 1689 s'exprime ainsi : " Si un Français veut se faire Turc, il n'y pourra être reçu qu'au préalable il n'ait persisté trois fois 24 heures dans cette résolution, pendant lequel temps il sera mis en dépôt entre les mains du Consul."

Toutes les mesures protectrices ont sans doute été ordonnées par la régence d'Alger dans cette circonstance malheureuse, et je prie son excellence Dey et tout les Grands d'agréer les témoignages de ma plus vive reconnaissance, mais ils jugeront sans doute que de nouvelles dispositions et réparations proportionnées à la gravité des attentats sont indispensables.

Je réclame, au nom et d'après les ordres de Bonaparte, Premier Consul de la République française : 

1° - la punition exemplaire des assassins, 
2°- la restitution de tous les effets saisis par eux, 
3°- la délivrance immédiate des Français qui sont encore en leur pouvoir, 4°- Je demande que les Français reçoivent la sépulture, 
5° - Que, conformément à l'article 19 du traité de 1689, le Français qui a témoigné le désir d'embrasser la religion musulmane soit envoyé ici, ou déposé à Oran dans la maison du Vice-Consul d'Espagne. Il sera rendu à l'expiration des trois jours, s'il persiste dans sa résolution.
 

Dubois- Thainville


Pour passer quelques moments très intéressants, vous pourrez consulter avec bonheur (Cheliff = Orléansville) :
http://cheliff.org/portail/?q=node/135

Il vous faudra aussi consulter absolument :

http://www.vitaminedz.com/articles-14170-2-22090-chlef--naufrage_du_banel_dans_la_baie_de_souahlia__1802_-2.html

Les petites différences dans les termes des lettres échangées entre Bonaparte et Mustapha vient de ce que nos sources sont le "rapport fait au premier consul en sénat le 20 fructidor an X (7 septembre 1802) sur la situation vs-à-vis d'Alger" de Charles-Maurice Talleyrand, publié au Journal Officiel.