CARACALLA, CUICUL ET DJEMILA
Création le 24 novembre 2011
Modification 1 : 27 mars 2013
Caracalla est né à Lyon. Il était fils de Septime Sévère, un Berbère de Leptis Magna devenu empereur romain.
Ce ne fut qu'après sa mort que ses biographes l'affublèrent du sobriquet de Caracalla, du nom du manteau gaulois qu'il aimait à porter.
Ses biographes prétendent pourtant que, jusqu'à son adolescence, ce fut le plus charmant bambin du monde, enjoué et tout. Ce n'est qu'avec l'adolescence que lui vinrent, pêle-mêle, un goût marqué pour la vie militaire, une admiration maniaque pour Alexandre le Grand, une grande indifférence à l'égard du beau sexe, un amour maternel exclusif, et surtout une insatiable cruauté.
Après le meurtre de son frère Geta, Caracalla se livre à une véritable épuration stalinienne. Tous les amis, relations ou partisans, vrais ou supposés, de Geta sont mis à mort.
Lors d'un rassemblement de la jeunesse alexandrine en l'honneur du fondateur de la cité, il lance ses soldats sur la foule. Ceux-ci se livrèrent à un massacre si épouvantable "que les flots de sang, traversant l'esplanade, allèrent rougir l'embouchure, pourtant très vaste, du Nil" (Hérodien, IV, 9 : 3-8).
Lors de sa campagne contre les Parthes, Caracalla dont la cruauté était déjà proverbiale, ajoute la fourberie à la palette de ses défauts. Il demande en mariage la fille d'Artaban, le roi des Parthes. Il l'obtient et, accompagné de toute son armée, se rend en Mésopotamie pour célébrer les noces impériales. Quand la foule des "Barbares", civils et militaires confondus, est rassemblée pour la fête, près de Ctésiphon, leur capitale, Caracalla donne un signal et le scénario du massacre d'Alexandrie se reproduit : les soldats romains se ruent sur les Parthes et les égorgent en masse.
Le cruel Caracalla est surtout connu pour avoir fait édifier de grandioses monuments à Rome (entre autres, les somptueux Thermes "de Caracalla") et pour avoir publié en 212 un édit (dit "Constitution antonine) qui accordait la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'Empire. Mais, naturellement, il ne faut pas voir dans cette mesure un quelconque souci humanitaire de ce cruel empereur : l'édit de Caracalla visait surtout à généraliser la perception des lourds impôts dus par les citoyens romains. (extraits du site :
http://www.empereurs-romains.net/
Ce site est, du point de vue de la culture générale, absolument remarquable)
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Condensé de l'Article de Arezki Boukhenouf dans la revue Athar, revue scientifique d'archéologie et du patrimoine publiée par l'institut d'archéologie de l'université d'Alger (n°8 - année 2009) :
En 1839, le duc d'Orléans, enthousiaste, avait proposé à Louis Philippe de faire démonter l'arc de triomphe dit de Caracalla (en état de dégradation avancée) pour le reconstituer à Paris ... en cadeau de l'armée d'Afrique à la France ! L'idée quelque peu saugrenue fait son chemin dans les ministères, mais finalement l'enveloppe financière ira sagement à la seule restauration du monument sur site.
Ce monument est constitué de marbre, pour le fronton, et de pierre calcaire clair, jaune ou gris. Des rumeurs indiquent que Ahmed, bey de Constantine, aurait utilisé une partie du marbre pour la décoration de son palais. En 1886, le ministère de l'éducation attribue une première enveloppe de 3 000 F (or) pour le nettoyage et la restauration de l'arc. Mais celui-ci commence à s'effondrer sous l'action des infiltrations d'eau. Il faut le consolider en bétonnant sous les fondations juqu'à 3 m de profondeur.
En 1919, l'arc est déposé, ses pierres sont numérotées et classées. La restitution est achevée en 1923. Pour combler les lacunes, il a été utilisé un mortier de couleur crème à base de ciment blanc et de sable jaune. L'ensemble a été armaturé en barres d'acier.
Mais le climat de Djemila est rude. L'action du gel, les contraintes thermiques, l'action du vent ont repris la dégradation du monument. L'oxydation des barres d'acier, par foisonnement, a fait se fissurer le mortier. Depuis, les méthodes de restauration se sont améliorées, suite à la charte d'Athènes de 1931.
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Témoignage de David Maxwell :
"Moi, je suis tout simplement un Canadien – anglophone d’origine – qui était en train de faire « le tour du monde » pendant ma jeunesse ( j’avais 21 ans ), ayant obtenu mon diplôme d’université. Je me suis trouvé en Algérie juste après la fin de la guerre. Je me suis occupé au début de la réparation de l’hôtel de Djemila, qui avait été systématiquement détruit par les soldats français en partant. Les arbres sont apparus un peu plus tard, apportés par des missionnaires protestants, qui avaient passé des années à soigner les petits arbres dans l’attente de la fin de guerre, pour reforester les alentours de Djemila.
Je ne sais pas comment ils se sont informés de ma présence, mais ils cherchaient des individus n’importe où, pour planter leurs arbres, et j’y étais. On a commencé avec 3 000 arbres, et j’ai mobilisé les scouts pour les planter. Les missionnaires sont revenus et ont trouvé que le boulot était bien fait, et ils ont livré encore 60 000 arbres. Il était bien évident que les scouts seuls ne pourraient pas faire la plantation à cette échelle, et nous avons cherché le support du maire. Lui, il a délivré un discours magnifique au marché le samedi, en disant que le sol, arrosé par le sang des martyrs, était en train d’être perdu, mais pourrait être sauvé par les arbres, et les sacrifices des combattants n'auraient pas été faits en vain. Alors, tous les hommes se sont présentés avec leurs outils, et, en trois semaines, on a réussi à planter les 60 000 arbres, juste avant les pluies.
C’est ma compréhension que le manque des arbres, en fait, n’avait rien du tout à faire avec la guerre, mais datait depuis les temps romains. Les Romains plantaient des oliviers, mais quand ils ont quitté l’Afrique du Nord au 6eme siècle, les Berbères ne les ont pas entretenus. Le sol est très acide et de très pauvre qualité. Nous plantions des pins d’Alep, qui tolèrent les sols très acides, avec l’intention de remplacer les pins par des oliviers un jour futur (pour créer une industrie nouvelle)."
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La morale de cette histoire de Djemila est qu'il faut remercier tous les contributeurs à la construction, à la conservation et à l'embellissement de ce site, que ce soit le Maître d'ouvrage (Septime Sévère, Caracalla et les autres), les architectes inconnus de la ville, le Ministre de l'éducation française qui a fourni les fonds, les missionnaires protestants, les scouts, le maire de Djemila et toute sa population ; le musée du Bardo pour le buste de Caracalla jeune, le pilote d'hélicoptère qui a photographié l'arc le 20 septembre 1960, l'auteur de la gravure de l'arc en 1840, tous ceux-là qui se sont mis au service de la Culture, laquelle, comme le dit justement Zeryab, de "setif.forumactif", est "en somme le patrimoine de NOUS TOUS".
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