LA PRINCESSE DES SABLES




 Création le 13 mai 2014
Modification 1 le 30 janvier 2019 : Photos de Kourdane

Qui connaît bien Aurélie Picard, alias Lalla Tidjani, alias Lalla Yamina et son mari Si Ahmed Tidjani ?

Personne ou beaucoup, c'est selon. Et pourtant c'est un vrai conte de fées pour elle comme pour lui.

De très bonnes recensions :

Tout d'abord celle de Denis FADDA, Professeur de Droit, Haut fonctionnaire international, Administrateur de l'Université internationale francophone d'Alexandrie, Président (h) de l'Académie des Sciences d'Outre-mer depuis janvier 2012 :

http://www.memoireafriquedunord.net/biog/biog15_Picard.htm
 

Ou celle du Soir d'Algérie, par Ahmed TESSA :
 

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/08/27/article.php?sid=153250&cid=41

complétée par Sabrinal :

http://lesoirdalgerie.com/articles/2010/04/11/article.php?sid=98390&cid=16

Ou celle de Rachid BENMOKHTAR, ingénieur de recherche au Centre de l'Énergie Atomique de Saclay :

https://sites.google.com/site/benmokht/balade-dans-l-histoire---2/ballade-dans-l-histoire

Et cætera. Dans l'embarras du choix, nous commençons par une relation d'époque.



Le récit qui suit est extrait des "Mémoires" inédits du colonel Pierre Lafaye, qui arriva aux Affaires Indigènes à Laghouat le 19 mars 1909 avec le grade de lieutenant et le titre de stagiaire. En 1937, le lieutenant colonel Lafaye était chef du service des Affaires Indigènes à Rabat, après vingt-huit ans passés aux A.I. (Extrait de l'Histoire des A.I., par Marc Méraud)

… Après une petite sieste, je remonte à  cheval, et j'arrive, à cinq heures de l'après-midi à Dar Si Ahmed Tijani. Ce n'est pas un village : "dar" signifie "maison". Il s'agit en effet d'une immense et magnifique propriété qui mérite qu'on s'attarde à sa description et à son histoire. C'est une sorte de maison de campagne avec de nombreuses dépendances au milieu d'un grand domaine agricole, au mieux une "zaouia" soit la demeure du saint marabout.

Voici l"histoire du marabout. Le saint homme nous a fait la guerre en 1871 en soulevant le pays contre nous. À ce moment-là, sa maison n'était qu'un modeste "gourbi". Fait prisonnier, il fut envoyé en captivité à Bordeaux, où il était gardé par quelques gendarmes, l'un d'eux avait une fille de seize ans qui fut séduite par le charme du noir captif, et en tomba follement amoureuse. On les maria, et, lorsqu'il fut libéré, il la ramena dans son gourbi.

Intelligente et ambitieuse, Madame Aurélie Tijani ou plutôt "Lalla Tijanya" comprit vite tout le parti qu'elle pouvait tirer de la situation. Elle proclama bien haut la sainteté de son mari. Puis elle fit capter des sources dans la montagne, labourer d'immenses terrains, planter de nombreux arbres qui sont aujourd'hui majestueux.

Elle fit construire une grande maison carrée avec une véranda. On la décora du Mérite Agricole. Puis elle fonda une école française pour les enfants de son personnel, une centaine d'Arabes et de Noirs, ce qui lui valut les Palmes Académiques. Son mari, qui avait été fait Officier de la Légion d'Honneur, mourut en 1900, il y a neuf ans. La bonne Aurélie, encore jeune et alerte, épousa son beau-frère, après avoir fait élever, à trente pas de là, un somptueux mausolée à la mémoire de son mari. Ainsi le caractère de sainteté se transmit - ipso facto - au nouveau mari d'Aurélie.

La maitresse des lieux, qui a maintenant cinquante trois ans, me reçoit avec beaucoup d'empressement. La petite bonne française qui me prend en charge s'appelle Rose, et par un curieux hasard, elle est née, comme moi, à Privas. Elle me montre mes appartements, toute une aile de la maison, une vaste salle à manger, un salon luxueux, une chambre à coucher, toute revêtue d'étoffes rares.

Que de merveilles ont été accumulées en cette demeure ! Étoffes et tapis de Smyrne, meubles de Syrie en bois parfumé incrusté de nacre, panoplie d'armes du Maroc, lances et boucliers des Touaregs, peaux de lions et de panthères.

Le marabout, très âgé, ne comprend pas un mot de français. Aurélie se retire, après un quart d'heure de conversation aimable. La petite bonne Rose a reçu pour mission d'être attentive à mes moindres désirs. Elle s'acquitte parfaitement de sa tâche. Je dîne seul dans mes appartements. Sur la table, des flambeaux d'argent supportent quatre bougies. C'est vraiment le palais enchanté.








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